Quand les deux Pâques ne font qu’une

Quand les deux Pâques ne font qu’une

Il est rare que les Pâques catholique et orthodoxe coïncident parfaitement. Depuis la séparation des Églises d’Orient et d’Occident, au XIe siècle, ces deux traditions chrétiennes suivent des calendriers différents : grégorien pour les catholiques, julien pour les orthodoxes. Cette distinction crée généralement un écart de une à cinq semaines entre les deux célébrations. Mais en 2025, un phénomène astronomico-liturgique vient bouleverser cette habitude.

Le dimanche 20 avril, croyants de l’Est et de l’Ouest fêteront ensemble la Résurrection du Christ. Cette convergence n’est pas seulement rare, elle est chargée de symboles. Et elle soulève des questions passionnantes : pourquoi les dates diffèrent-elles habituellement ? Que se passe-t-il lorsqu’elles s’unissent ? Et surtout, que peut-on en espérer ?

Deux calendriers pour un même mystère

Le cœur de la divergence entre les dates de Pâques réside dans le calcul du calendrier pascal. Le concile de Nicée, en 325, avait fixé une règle commune : Pâques devait être célébrée le premier dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps.

Mais le calendrier utilisé pour calculer cette date a divergé au fil des siècles. En 1582, le pape Grégoire XIII introduit le calendrier grégorien, corrigeant le léger décalage du calendrier julien, utilisé depuis Jules César. L’Église catholique adopte ce nouveau calendrier. L’orthodoxie, en revanche, reste fidèle au julien pour ses fêtes mobiles, bien que certaines Églises orthodoxes aient adopté le grégorien pour les fêtes fixes comme Noël.

Ce décalage explique que Pâques catholique et orthodoxe tombent rarement le même jour, sauf si l’alignement astronomique et le calcul liturgique le permettent… comme en 2025.

Une coïncidence… ou un symbole providentiel ?

La convergence des deux Pâques n’est pas totalement fortuite. Tous les 5 à 11 ans, les calculs peuvent coïncider, mais cela reste rare. Depuis 2001, cela ne s’était produit qu’une seule fois : en 2010. La prochaine fois ne surviendra qu’en 2028, puis en 2031.

Mais au-delà du calendrier, cette coïncidence semble résonner d’un écho plus profond. Elle rappelle que, malgré les divisions, catholiques et orthodoxes partagent une foi commune : celle du Christ ressuscité. Une foi vivante, nourrie de traditions différentes, mais orientée vers le même mystère.

Le 20 avril 2025 peut ainsi devenir un jour de prière commune, d’espérance partagée. Une fenêtre ouverte sur une unité possible, à défaut d’une unité institutionnelle.

Liturgies parallèles, cœurs convergents

Même si les Églises catholique et orthodoxe célèbrent ensemble la même date, leurs liturgies resteront distinctes. D’un côté, la messe catholique du dimanche de Pâques, empreinte de solennité, de joie et d’alléluia. De l’autre, la vigile pascale orthodoxe, souvent célébrée à minuit, dans une procession lumineuse et chantée, où résonne le chant triomphant : « Le Christ est ressuscité ! ».

Cette diversité n’est pas une faiblesse, mais une richesse. Chaque tradition exprime à sa manière la foi en la Résurrection, avec sa propre sensibilité, ses symboles, ses chants, ses gestes. Ce 20 avril, la différence ne divisera pas : elle offrira un kaléidoscope de louanges, toutes orientées vers le même mystère.

Un appel à la rencontre

Le fait que cette date unique soit partagée peut aussi devenir l’occasion d’un dialogue renouvelé entre les deux confessions. Dans plusieurs villes européennes, des célébrations œcuméniques sont déjà prévues. Des offices communs, des rencontres interreligieuses, des moments de partage autour de l’Évangile.

Ce rapprochement ne vise pas à gommer les différences, mais à tisser des ponts. À rappeler que l’unité chrétienne est d’abord une démarche intérieure, un chemin de compréhension et de respect.

Car si l’histoire a divisé, la foi peut toujours réunir.

Le poids de l’histoire, la promesse de l’avenir

Depuis le Grand Schisme de 1054, les relations entre Rome et Constantinople ont connu bien des tensions. Des croisades aux conciles, des excommunications réciproques aux gestes de réconciliation, l’histoire est marquée par des douleurs profondes.

Mais les dernières décennies ont vu naître un nouveau souffle. De Jean-Paul II à François, de Bartholomée Ier à Cyrille de Moscou, les appels à l’unité se multiplient. Le 20 avril 2025 s’inscrit dans cette dynamique. Non pas comme un aboutissement, mais comme un clin d’œil du ciel, une halte fraternelle sur le chemin long et lent du rapprochement.

Et si c’était aussi un signe pour le monde ?

Dans un contexte international marqué par les conflits, les tensions religieuses ou identitaires, cette coïncidence peut prendre un sens élargi. Une unité, même passagère, entre deux grandes familles chrétiennes rappelle que la paix, la réconciliation, la communion sont possibles.

Un seul dimanche de Pâques, fêté à l’unisson, ne changera pas le monde. Mais il peut inspirer. Il peut inviter chacun à dépasser ses frontières mentales ou culturelles. Il peut nous rappeler, à tous, que la lumière peut jaillir même au milieu des fractures.

Et que parfois, le ciel nous parle… par le calendrier.

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