Quand l’Empressement Devient un Fardeau

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14 août 2024

Nous connaissons tous l’art délicat de la procrastination : repousser les tâches, parfois jusqu’à ce qu’elles prennent des airs de montagnes infranchissables. Mais saviez-vous qu’il existe un comportement qui pourrait bien être son contraire diabolique ? Mesdames et messieurs, bienvenue dans le monde fascinant et étrange de la précrastination. Si vous avez déjà ressenti le besoin irrésistible de répondre à un email avant même d’avoir fini de le lire ou de ranger votre bureau pour la troisième fois en une journée, alors vous êtes peut-être un précrastinateur en herbe. Mais attention, ce n’est pas aussi simple que de se vanter de finir ses tâches en avance – cela peut être un vrai sport de compétition… avec ses propres pièges.

La Précrastination : Un Excès de Zèle

La précrastination est la tendance à vouloir accomplir les tâches dès que possible, même si cela signifie les attaquer bien avant qu’elles ne soient nécessaires. L’idée paraît séduisante : pourquoi remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui ? Mais la réalité est bien plus nuancée. Imaginez que vous avez un rendez-vous chez le dentiste dans une semaine. Un précrastinateur pourrait être tenté de faire ses valises dès maintenant, juste pour se débarrasser du souci de préparation. Cela semble peut-être absurde, mais c’est là toute l’essence de la précrastination : vouloir se libérer de l’anticipation, même au prix d’un effort inutile et prématuré.

Un Nouveau Fléau : La Peur du Temps Mort

Le précrastinateur typique est une personne pour qui le simple fait de savoir qu’une tâche doit être accomplie suffit à générer de l’anxiété. Ce besoin compulsif de tout faire tout de suite peut être une véritable malédiction, transformant chaque instant de calme en une course contre une horloge imaginaire. Vous êtes à l’aéroport, par exemple, avec deux heures d’avance. Plutôt que de savourer un café ou de lire un livre, vous voilà debout, prêt à embarquer, valise à la main, comme si le vol pouvait décoller sans vous. C’est cette envie pressante de “libérer” son esprit de toute tâche future qui caractérise le précrastinateur. Et c’est là que le bât blesse : l’obsession de finir vite peut conduire à des décisions précipitées et, souvent, contre-productives.

L’Étude qui Dévoile Tout

Une étude fascinante menée par le professeur de psychologie David Rosenbaum et son équipe a jeté une lumière nouvelle sur ce comportement. Les participants devaient choisir entre deux seaux de pièces à transporter : l’un proche d’eux mais nécessitant un long transport, et l’autre plus éloigné, mais avec un trajet plus court ensuite. Surprise : la majorité a choisi le seau le plus proche, préférant ainsi porter un poids sur une plus longue distance plutôt que d’attendre quelques instants pour un choix plus rationnel. Pourquoi ? Parce qu’ils voulaient simplement se débarrasser de la tâche dès que possible, quitte à faire plus d’efforts inutiles. Ce phénomène montre bien que la précrastination, bien que motivée par l’idée de se simplifier la vie, peut en réalité mener à des choix moins efficaces et plus coûteux en énergie.

Les Répercussions : Un Surplus d’Empressement

En apparence, la précrastination pourrait sembler être une bonne chose : après tout, n’est-il pas préférable d’accomplir ses tâches en avance ? Mais la réalité est plus complexe. En cherchant constamment à accomplir les choses immédiatement, on risque de se précipiter et de négliger des détails importants. Prenons un exemple courant : vous recevez un email important. Plutôt que de prendre le temps de réfléchir à une réponse adéquate, vous répondez immédiatement, simplement pour cocher la tâche de votre liste. Résultat ? Une réponse potentiellement bâclée, voire inappropriée. De même, vous pourriez être tenté de boucler un projet avant d’avoir eu toutes les informations nécessaires, ce qui pourrait conduire à des erreurs coûteuses et à un travail de moindre qualité.

Qui Sont les Précrastinateurs ?

Le profil typique du précrastinateur est souvent lié à un trait de personnalité particulier : le névrosisme. Les personnes qui ont tendance à ressentir des émotions négatives ou à être instables émotionnellement peuvent précrastiner par peur de ne pas finir une tâche à temps. Le stress et l’anxiété associés à cette crainte les poussent à se débarrasser de la tâche le plus rapidement possible, pour alléger leur charge mentale. Cependant, cette précipitation peut conduire à un épuisement tant physique que mental. Après tout, dépenser une énergie excessive sur des tâches qui pourraient être réalisées plus efficacement avec un peu de planification et de réflexion n’est pas vraiment la meilleure des stratégies.

Précrastiner ou ne pas Précrastiner ? Telle est la Question

Alors, est-il mauvais de précrastiner ? Comme pour beaucoup de choses, la réponse dépend du contexte. Parfois, il est effectivement judicieux de se débarrasser rapidement d’une tâche pour éviter de l’avoir en tête. Mais dans d’autres cas, il vaut mieux attendre un peu, rassembler toutes les informations nécessaires, et aborder la tâche de manière plus réfléchie. Après tout, tout comme la procrastination, la précrastination peut être source de stress inutile et conduire à des résultats insatisfaisants.

Les Dangers Cachés de la Précrastination

Un autre danger de la précrastination est qu’elle peut devenir une habitude difficile à briser. Comme avec toute habitude, plus on s’y adonne, plus elle devient enracinée. Vous vous retrouvez ainsi à expédier toutes vos tâches, grandes ou petites, sans prendre le temps de réfléchir aux conséquences. Et si vous avez l’impression d’accomplir plus, en réalité, vous pourriez simplement être en train de faire plus de travail, mais de moins bonne qualité. Cela peut aussi affecter vos relations professionnelles : en donnant l’impression d’être toujours dans l’urgence, vous pouvez passer à côté d’opportunités de collaboration ou d’améliorations significatives dans votre travail.

Comment Trouver un Équilibre ?

La clé pour gérer la précrastination est de trouver un équilibre entre agir rapidement et prendre le temps de bien faire les choses. Voici quelques astuces pour y parvenir :

Prioriser les tâches : Classez vos tâches par ordre d’importance plutôt que par ordre chronologique. Cela vous aidera à vous concentrer sur ce qui est réellement urgent et important.
Prendre le temps de réfléchir : Avant de vous précipiter dans une tâche, posez-vous la question suivante : est-il vraiment nécessaire de la faire maintenant ? Parfois, attendre un peu peut vous permettre de mieux comprendre la situation et de faire un travail de meilleure qualité.
Apprendre à déléguer : Vous n’avez pas besoin de tout faire vous-même, et encore moins tout de suite. Si une tâche peut être accomplie plus tard ou par quelqu’un d’autre, n’hésitez pas à déléguer ou à la reporter.
S’auto-discipliner : Résistez à la tentation de tout faire immédiatement. Parfois, attendre peut être la meilleure décision, surtout si cela vous permet de mieux préparer votre réponse ou d’agir avec plus d’efficacité.

Conclusion : La Précrastination, Un Piège Subtil

En fin de compte, la précrastination est une facette du comportement humain qui, bien que moins discutée que la procrastination, mérite d’être prise au sérieux. Si vous vous reconnaissez dans ces descriptions, il est peut-être temps de réévaluer votre façon d’aborder les tâches. Après tout, tout est une question d’équilibre : agir rapidement, oui, mais sans sacrifier la qualité ou l’efficacité. Et souvenez-vous, la prochaine fois que vous sentez l’urgence de finir quelque chose immédiatement, prenez une minute pour réfléchir. Ce petit délai pourrait bien faire toute la différence.

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