Être à la tête d’une entreprise est souvent associé à la réussite, au prestige et à la satisfaction de mener des projets ambitieux. Cependant, la réalité de nombreux chefs d’entreprise est bien plus complexe. Derrière les éloges et les succès, une autre vérité subsiste : la santé mentale est un sujet sensible, encore trop peu abordé dans ce milieu. Explorons pourquoi il est si difficile pour les dirigeants d’évoquer leur mal-être et comment briser ce tabou.
Un surmenage quasi omniprésent
D’après une étude menée par l’Institut Choiseul, plus de la moitié des dirigeants interrogés se disent régulièrement surmenés. Parmi eux, 75 % ressentent des symptômes de stress au moins une fois par semaine, et 36 % en font l’expérience quotidiennement. Ces statistiques alarmantes mettent en lumière une pression constante due aux responsabilités professionnelles.
Le stress des chefs d’entreprise se traduit par une fatigue chronique, de l’anxiété, des troubles alimentaires ou encore une irritabilité accrue. Pierre Verlyck, directeur de cette étude, souligne que ces tensions sont exacerbées par des événements mondiaux tels que l’inflation ou les crises géopolitiques. Ces facteurs externes viennent s’ajouter à une charge mentale déjà écrasante.
La difficulté à déléguer : un facteur aggravant
Parmi les causes majeures du surmenage, 75 % des chefs d’entreprise pointent leur incapacité à déléguer efficacement. Cette tendance s’explique par un besoin de garder le contrôle, mais également par une certaine appréhension : « Et si la qualité n’était pas au rendez-vous ? ». Or, cette réticence à confier des tâches alourdit la charge de travail des dirigeants, qui consacrent souvent plus de 50 heures par semaine à leur entreprise.
À cela s’ajoute le poids de la gestion des ressources humaines (51 %) et la pression des résultats financiers (43 %). Ces responsabilités, cumulées à un manque de temps pour soi, créent un cercle vicieux difficile à rompre.
Un tabou tenace autour de la santé mentale
Malgré une sensibilisation croissante à la santé mentale, ce sujet reste encore largement ignoré dans le milieu des affaires. Selon l’étude de l’Institut Choiseul, 38 % des dirigeants ressentent une réelle réticence à parler de leur mal-être, tandis que deux tiers considèrent la consultation d’un professionnel comme un tabou.
Pourquoi cette réticence ? Le mythe du dirigeant invincible persiste. On attend des chefs d’entreprise qu’ils éclairent la voie, qu’ils incarnent la force et l’infaillibilité. Admettre une faiblesse pourrait être perçu comme un échec. De nombreux dirigeants adoptent alors une posture de silence : « Je suis payé pour ça, je dois assumer seul. »
Le manque de ressources et de soutien
Les ressources pour accompagner les dirigeants en difficulté restent limitées, notamment dans les petites et moyennes entreprises (PME). Si certains programmes de soutien existent au sein des grands groupes, ils sont rares dans les TPE et PME, laissant les entrepreneurs isolés face à leurs défis.
Seulement un tiers des dirigeants interrogés ont déjà suivi une formation ou un accompagnement en santé mentale. Pourtant, beaucoup se disent demandeurs de tels outils. Élargir l’accès à ces initiatives pourrait avoir un impact positif considérable, tant sur leur bien-être que sur leur efficacité professionnelle.
Trouver un équilibre entre vie personnelle et professionnelle
Pour préserver leur santé mentale, les dirigeants identifient plusieurs leviers essentiels. Les activités personnelles et familiales sont en tête, même si beaucoup regrettent de ne pas pouvoir y consacrer plus de temps. Le télétravail et une meilleure flexibilité des horaires sont également perçus comme des moyens efficaces pour retrouver un équilibre.
Cependant, déconnecter implique de faire confiance à son équipe. Cela passe par l’art de bien déléguer, mais aussi par la capacité à communiquer sur ses attentes et besoins. Pierre Verlyck insiste : « Accepter de déconnecter est un acte de confiance envers son entourage professionnel. »
Le soutien entre pairs : une clé sous-estimée
Un autre outil puissant pour dépasser les tabous est le réseau de dirigeants. Parler avec d’autres chefs d’entreprise permet de partager des expériences, d’échanger des conseils et de se sentir moins isolé. Ces échanges contribuent à normaliser la discussion sur la santé mentale et à développer une culture de l’entraide.
En osant parler de leur propre vulnérabilité, certains dirigeants constatent un effet domino. L’ensemble de l’entreprise en bénéficie : les employés se sentent encouragés à s’exprimer à leur tour, et une culture d’écoute mutuelle se développe.
Briser le cercle vicieux : par où commencer ?
- Reconnaître le problème : La première étape est d’admettre que la santé mentale est essentielle, même pour les dirigeants. Il n’y a aucune honte à éprouver du stress ou de la fatigue.
- Se faire accompagner : Un psychologue ou un coach professionnel peut aider à identifier les sources de mal-être et à mettre en place des stratégies pour mieux les gérer.
- Soutenir une culture d’entreprise saine : En adoptant une approche bienveillante, les dirigeants peuvent promouvoir un environnement de travail où chacun se sent en sécurité pour évoquer ses difficultés.
- Intégrer des pratiques de bien-être : La méditation, le sport ou même de simples pauses régulières peuvent faire une grande différence.
Conclusion : oser prendre soin de soi
Briser le tabou autour de la santé mentale des chefs d’entreprise est une nécessité. Non seulement pour le bien-être des dirigeants eux-mêmes, mais aussi pour celui de leurs équipes et de leurs entreprises. En reconnaissant leur propre vulnérabilité, les dirigeants ont l’opportunité de devenir des modèles inspirants, prouvant qu’il est possible de concilier performance et santé mentale. Alors, chers dirigeants, pourquoi ne pas faire le premier pas ?
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