Imaginez un monde où les réunions commencent par un petit échauffement de salsa, où les pauses-café sont rythmées par des pas de danse improvisés et où le succès d’une entreprise se mesure à la synchronicité de ses employés sur la piste de danse. Absurde, dites-vous ? Peut-être pas tant que ça. En effet, il semblerait que la danse dans la salle de repos ne soit pas qu’une fantaisie de sitcom, mais pourrait bien être une clé insoupçonnée vers une productivité accrue au travail.
Pour commencer, il est largement admis que l’activité physique, sous toutes ses formes, est une bénédiction pour notre santé. Elle nous protège de toute une série de maux modernes, du diabète aux maladies cardiaques, en passant par cette satanée démence qui nous guette tous avec l’âge. L’Organisation mondiale de la santé ne cesse de le répéter : bouger, c’est la santé. Et si le simple fait de bouger pouvait également booster notre carrière ? Si, au lieu de courir en rond dans un parc, nous faisions quelques pas de cha-cha-cha ?
Entrez dans le monde merveilleux de la danse, cette activité qui, selon les experts en neurosciences et en psychologie, aurait des avantages cognitifs bien supérieurs à ceux d’un jogging matinal. Peter Lovatt, psychologue cognitif et danseur à ses heures, nous explique que la danse sollicite intensément notre cerveau : mémorisation de routines, traitement de la musique, coordination des mouvements… Un véritable workout pour nos neurones !
Les études ne manquent pas pour étayer cette idée. La danse a été étudiée sous toutes ses coutures, particulièrement en ce qui concerne son impact sur les cerveaux vieillissants et son rôle potentiel dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de maladies dégénératives comme Parkinson. Et même si le monde économique n’a pas encore pleinement embrassé la «danse-thérapie» comme outil de productivité, il est difficile d’ignorer les liens entre les compétences cognitives renforcées par la danse et une meilleure performance au travail.
Alors, comment la danse pourrait-elle transformer nos lieux de travail en havres de productivité ? Une étude récente, menée auprès de danseurs en Italie, au Royaume-Uni et au Brésil, et comparée à un groupe témoin d’actifs non-danseurs, nous offre quelques pistes. Les chercheurs ont examiné différents aspects de la performance au travail, de l’absentéisme au «présentéisme» (cette fâcheuse tendance à être physiquement présent au travail, mais mentalement en train de faire la samba sur une plage lointaine).
Les résultats sont éloquents : les danseurs affichent un taux de présentéisme nettement inférieur à celui des non-danseurs. En d’autres termes, ils sont plus concentrés, plus impliqués et, par conséquent, plus productifs. Moins d’absentéisme, moins de travail bâclé, moins de «journées sans» : la danse semble avoir un effet direct et mesurable sur la qualité du travail.
Mais alors, est-ce la danse en elle-même qui opère cette magie, ou est-ce simplement parce qu’elle contribue à un meilleur bien-être général ? Il est vrai que de nombreuses études ont établi un lien positif entre bien-être et performance au travail. Après tout, qui ne travaillerait pas mieux en se sentant heureux et épanoui ? La danse, connue pour ses effets bénéfiques sur le moral, pourrait simplement être un vecteur de bien-être qui, à son tour, favorise une meilleure performance au travail.
Pour creuser cette question, les chercheurs ont comparé des danseurs et des non-danseurs aux profils similaires, mais présentant également des niveaux de bien-être comparables. Même en neutralisant le facteur bien-être, les danseurs s’avèrent plus performants, tant en termes de présence effective qu’en qualité de travail. Cela suggère que les bienfaits de la danse sur la productivité dépassent le simple cadre du bien-être psychologique.
Qui, alors, tire le plus avantage de la danse au travail ? L’étude révèle que les bénéfices sont particulièrement marqués chez ceux dont le travail est peu stimulant sur le plan cognitif, ou très routinier. Pour ces âmes peut-être un peu engourdies par la monotonie de leurs tâches quotidiennes, la danse se présente comme un formidable stimulateur neuronal. De plus, dans les environnements où le travail d’équipe est crucial, la danse semble renforcer la cohésion et, par extension, la productivité collective.
Surprenant, n’est-ce pas ? Avant de rejeter l’idée d’instaurer une «pause danse» au bureau, il pourrait être judicieux de considérer les avantages potentiels. Après tout, dans un monde où le stress professionnel et le burn-out sont devenus des enjeux majeurs, pourquoi ne pas tenter une approche un peu plus… rythmée ?
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