Pourquoi réfléchit-on si c’est si pénible ?

Pourquoi réfléchit-on si c’est si pénible ?

Nous avons tous connu ce moment où, après une longue journée de travail ou d’étude, notre cerveau nous crie de tout arrêter. L’effort mental semble pesant, peut-être même plus que l’effort physique. Mais pourquoi donc le travail cérébral est-il si souvent perçu comme une véritable corvée ? Sommes-nous vraiment conçus pour fuir l’effort mental à tout prix ? Des chercheurs ont récemment tenté de percer ce mystère. Spoiler : le cerveau est un véritable fainéant quand il s’y met.

La loi du moindre effort : une règle universelle ?

Vous avez peut-être déjà entendu parler de la « loi du moindre effort ». C’est cette tendance naturelle qui nous pousse à toujours chercher la solution la plus facile, même lorsque celle-ci n’est pas la meilleure. Ce concept traverse plusieurs disciplines, de la psychologie aux neurosciences en passant par l’économie. L’idée est simple : pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

Par exemple, au lieu de s’acharner à résoudre une équation mathématique complexe, beaucoup d’entre nous préféreront utiliser une calculatrice, ou mieux, faire semblant d’avoir oublié son devoir (n’est-ce pas ?). C’est dans cette même optique que nous utilisons des heuristiques, des raccourcis mentaux qui simplifient nos prises de décision. Mais à quel prix ? En prenant des raccourcis, nous laissons souvent place à des biais cognitifs. Ces stéréotypes, souvent erronés, nous évitent de faire des efforts mentaux supplémentaires, mais ils ne nous rendent pas toujours service.

Le célèbre psychologue Daniel Kahneman a développé l’idée de deux modes de pensée, ou systèmes. Le « Système 1 » est rapide, instinctif, et presque automatique. En d’autres termes, c’est ce mode qui nous permet de décider rapidement si l’on doit prendre un parapluie en voyant un nuage gris. Le « Système 2 », quant à lui, est plus lent, réfléchi, et demande un effort conscient. C’est ce dernier que l’on sollicite lorsque l’on doit résoudre un problème complexe ou analyser une situation en profondeur. Vous l’aurez deviné : le Système 2, bien que plus fiable, est souvent celui que nous cherchons à éviter.

Fuir l’effort mental, une question de survie ?

Maintenant que nous savons que notre cerveau adore les raccourcis, reste à comprendre pourquoi il fuit tant que possible l’effort mental. Selon les chercheurs, l’effort mental est souvent perçu comme aversif, c’est-à-dire déplaisant. Ce sentiment d’aversion vient notamment du fait que l’effort mental nous demande de mobiliser de l’énergie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, penser (oui, oui) consomme une bonne dose de glucose, l’une des principales sources d’énergie du cerveau.

Mais ce n’est pas tout. Une étude dirigée par Erik Bijleveld et ses collègues de l’université Radboud aux Pays-Bas a tenté de quantifier à quel point cet effort mental est associé à des émotions négatives. En examinant un large éventail d’études portant sur 4670 personnes de tous horizons, ces chercheurs ont utilisé l’indice de charge de travail de la NASA (oui, la NASA s’intéresse aussi à la charge mentale, pas seulement aux fusées). Résultat ? Les tâches cognitives, qu’elles soient simples ou complexes, provoquent souvent des sentiments de frustration, d’irritation, voire de fatigue.

Pourquoi préfère-t-on le sport à un casse-tête ?

Étonnamment, beaucoup de gens préfèrent se lancer dans une activité physique, même intense, plutôt que de rester assis à résoudre un problème de mathématiques. En fait, même s’il paraît plus facile de s’asseoir et de faire travailler son cerveau que de soulever des poids ou courir un marathon, ce n’est pas le cas pour tout le monde. C’est que le cerveau et le corps ne perçoivent pas l’effort de la même manière.

Le fait est que notre cerveau cherche constamment à économiser de l’énergie. L’effort mental, surtout lorsqu’il n’est pas immédiatement gratifiant (contrairement au sport, où l’on peut voir des progrès physiques), est vu comme un coût élevé. Résoudre une énigme ou analyser une situation complexe nous demande de lutter contre notre instinct naturel de « paresse intellectuelle ». Pas étonnant que nous soyons nombreux à éviter les tâches intellectuelles dès que nous en avons l’occasion !



Et si l’effort mental était tout simplement mal compris ?

Mais attention, ne soyons pas trop durs avec notre pauvre cerveau. Ce dernier n’est pas programmé pour éviter systématiquement tout effort. C’est plutôt la manière dont nous percevons cet effort qui influence notre volonté d’y faire face ou non. Si l’on considère une tâche mentale comme pénible dès le départ, il est logique que l’on cherche à l’éviter. À l’inverse, si l’on trouve du plaisir dans la résolution d’un problème, l’effort mental peut devenir moins désagréable.

Les jeux d’esprit, les casse-têtes, les jeux de stratégie sont de parfaits exemples où l’effort mental peut même être perçu comme ludique et gratifiant. Pourquoi cela ? Parce que dans ces situations, nous savons que nous sommes en train d’apprendre quelque chose de nouveau ou de développer une compétence. Le sentiment d’accomplissement compense alors le coût mental.

Comment rendre l’effort mental plus supportable ?

Maintenant que nous avons établi que l’effort mental est souvent perçu comme déplaisant, la vraie question est : comment pouvons-nous changer cela ? Faut-il vraiment céder à notre cerveau fainéant ou est-il possible de rendre l’effort mental plus agréable ?

Premièrement, l’une des clés est de changer la perception que l’on a de l’effort. Plutôt que de voir une tâche intellectuelle comme un obstacle insurmontable, pourquoi ne pas la considérer comme un défi à relever ? En adoptant une attitude plus positive, il devient plus facile de se motiver à engager son cerveau.

Deuxièmement, la notion de « récompense » joue un rôle crucial. Si l’on sait que l’effort mental que l’on va fournir sera gratifié d’une récompense (qu’elle soit tangible ou non), il devient plus facile de s’y atteler. C’est pourquoi, après une séance de travail intense, s’offrir une petite pause, un café ou un bon morceau de chocolat peut aider à relancer la machine.

Enfin, et c’est peut-être le point le plus important, il est essentiel d’accepter que tout effort mental ne doit pas forcément être désagréable. Certains efforts intellectuels, bien qu’exigeants, sont aussi profondément satisfaisants. Après tout, qui n’a jamais ressenti une certaine fierté après avoir résolu un problème complexe ou terminé une tâche difficile ?

Conclusion : Effort mental, ami ou ennemi ?

Alors, l’effort mental est-il déplaisant ? La réponse n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Si, en effet, nous avons une tendance naturelle à éviter de solliciter trop notre cerveau, cela ne signifie pas pour autant que cet effort est intrinsèquement désagréable. Avec un changement d’attitude et une dose de motivation, l’effort mental peut même devenir une source de plaisir et d’accomplissement. En fin de compte, ce n’est pas tant l’effort mental en lui-même qui pose problème, mais plutôt la manière dont nous l’abordons.

Et si, au lieu de fuir l’effort mental, nous apprenions à l’apprécier un peu plus ? Vous pourriez être surpris de ce que votre cerveau est capable d’accomplir lorsqu’il est un peu moins paresseux.

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