Pensée et diffusion interdite : la censure est déjà là

Pensée et diffusion interdite : la censure est déjà là

La censure n’est plus une vieille histoire du passé. Elle s’est glissée dans le numérique, les lois, les écoles et les universités. Elle efface, punit sans procès, et impose une nouvelle morale à géométrie variable. Pensiez-vous pouvoir penser librement ? Réfléchissez à ce que vous n’avez plus le droit de dire.

L’époque des silences imposés

Les anciens craignaient le bûcher, les autodafés, les procès politiques. Aujourd’hui, ce ne sont plus des flammes qui consument les idées, mais des algorithmes froids, indifférents. Ce n’est plus le feu, mais l’effacement. Il suffit d’une plainte, d’un signalement automatique, d’un algorithme qui juge un mot inapproprié, pour qu’un contenu disparaisse. Comme s’il n’avait jamais existé.

Cette nouvelle forme de censure est insidieuse, car elle ne fait pas de bruit. On ne la voit pas, on ne l’entend pas, on s’en aperçoit seulement quand il est trop tard. C’est le bannissement silencieux d’un débat, la disparition d’un compte, la modification d’un moteur de recherche. Rien ne brûle, mais tout est effacé.

Le pouvoir algorithmique : l’inquisition moderne

Il y a quelques décennies encore, la censure était une affaire d’État. Aujourd’hui, elle est déléguée à des plateformes privées, dotées d’outils automatiques et de règles mouvantes. Ces plateformes définissent ce qui peut être dit, partagé, promu ou enterré dans l’oubli numérique.

Le problème, ce n’est pas uniquement qu’une pensée soit supprimée. C’est que cette suppression n’est pas toujours visible. Une publication peut être rendue invisible sans que l’auteur en soit averti. Une vidéo peut être déréférencée, un profil réduit au silence. On appelle cela la « shadowban ». Une forme de mort numérique sans procès.

La censure sociale : une pression collective

La censure ne vient plus seulement d’en haut. Elle vient aussi de l’intérieur du groupe. Des foules numériques s’érigent en juges moraux, punissent, dénoncent, excluent. On appelle cela la « cancel culture », mais derrière ce terme se cache un mécanisme très ancien : le bannissement de celui qui dévie de la norme.

Cette norme, pourtant, change à une vitesse vertigineuse. Ce qui était accepté hier devient interdit aujourd’hui. Et ceux qui osent poser des questions sont étiquetés comme dangereux, intolérants, extrémistes, voire déshumanisés. On n’écoute plus leurs arguments. On les réduit à l’un des ces qualitatifs : contraire aux règles, indésirable, complotiste, réactionnaire, voire fasciste.

L’école et les idées permises

Même dans les lieux censés être les sanctuaires de la pensée critique, la censure avance. À l’école, dans les universités, certains sujets deviennent tabous. Des conférenciers sont annulés. Des enseignants craignent de parler. Les jeunes n’apprennent plus à débattre, mais à éviter le conflit.

Il ne s’agit plus d’enseigner la pensée critique, mais de transmettre une morale validée. L’objectif n’est plus la vérité, mais l’adhésion à des récits dominants. La peur d’être mal compris ou mal interprété pousse à l’auto-censure. C’est là que le danger devient intime : lorsque nous commençons à filtrer nos propres pensées.

L’auto-censure : prison mentale

C’est peut-être la forme la plus sournoise de censure. Celle qui n’a pas besoin de force pour s’imposer. Quand nous commençons à nous dire « Je ne peux pas dire ça », « On va mal le prendre », « On va me signaler », c’est que la censure a atteint son but : faire de nous nos propres geôliers.

Nous adaptons nos opinions, nos mots, nos silences, à ce que nous imaginons acceptable. Ce n’est plus la liberté d’expression, c’est la conformité d’expression. Un monde où tout le monde parle… pour ne rien dire qui pourrait déranger.

Quand les gouvernements s’en mêlent

Ce phénomène n’est pas uniquement culturel. Il est aussi politique. Dans plusieurs pays dits démocratiques, des lois émergent pour punir les discours dits « haineux », « subversifs », « non-conformes ». Des lois parfois floues, interprétées par des commissions opaques, et appliquées de façon arbitraire.

Le droit au désaccord s’efface. La critique devient illégitime. Dans certains cas, elle est même passible d’amendes, de prison, de retrait de licence ou de censure administrative. Un dissident moderne ne risque plus sa vie… mais sa carrière, sa réputation, son accès à l’espace public.

Le mirage de la liberté numérique

Nous croyions qu’Internet allait être le temple de la liberté. Que chacun pourrait y exprimer ses idées. Mais aujourd’hui, cet espace est contrôlé, surveillé, filtré. Il ne reste qu’un simulacre de liberté, où seuls les récits autorisés ont droit de cité.

Les plateformes qui nous connectent sont aussi celles qui nous divisent, qui nous trient, qui nous guident vers ce qu’elles jugent bon pour nous. Ce n’est plus de la liberté, c’est du conditionnement.

Ce qu’il reste à défendre

Face à cette réalité, la seule réponse n’est pas la provocation ni le rejet de toute règle. Il s’agit de défendre la possibilité du débat, du désaccord, du doute et de la vérité des faits réels. Défendre le droit de se tromper, d’explorer, de contester. Défendre aussi le respect mutuel dans le désaccord.

La démocratie ne peut survivre sans liberté de penser et d’exprimer. Et cette liberté ne peut exister si elle est soumise à une validation permanente d’une entité qui contrôle tout ce qu’un petit nombre de personnes a statué de leur propre chef ce qui peut être ou non exprimé. Il faut avoir le courage de dire : je ne suis pas d’accord, mais je vous écoute. Voilà le seul antidote possible à cette censure qui gagne du terrain, jour après jour, pixel après pixel.

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