Les Secrets de la Gamme Musicale : L’Histoire Fascinante de « Do, Re, Mi »

Les Secrets de la Gamme Musicale : L'Histoire Fascinante de « Do, Re, Mi »

Vous avez sûrement déjà chanté ou entendu chanter les fameuses notes Do, Re, Mi, Fa, Sol, La, Si, Do. Que ce soit dans la comédie musicale La Mélodie du bonheur ou dans n’importe quel cours de solfège, ces syllabes sont devenues indissociables de la musique occidentale. Mais savez-vous d’où elles viennent et pourquoi elles ont été choisies ? C’est ce que nous allons vous révéler dans cet article, en vous racontant l’histoire fascinante d’un moine médiéval qui a révolutionné la notation musicale.

La solmisation, une technique ancestrale

Avant de parler du moine en question, il faut remonter encore plus loin dans le temps, jusqu’à l’Inde ancienne. C’est là que serait née la solmisation, la pratique consistant à attribuer des syllabes aux différents degrés de la gamme musicale. Les Indiens utilisaient les syllabes Sa, Ri, Ga, Ma, Pa, Dha, Ni, Sa, qui correspondent aux notes C, D, E, F, G, A, B, C dans le système occidental. Ces syllabes étaient basées sur les noms des dieux hindous et servaient à faciliter l’apprentissage et la mémorisation des mélodies.

La solmisation s’est ensuite répandue dans d’autres cultures, comme la Chine, la Perse, l’Arabie, la Grèce, et enfin l’Europe. Chaque civilisation a adapté les syllabes à sa langue et à sa musique, mais le principe est resté le même : associer un son à un signe.

Le problème de la notation musicale au Moyen Âge

Au Moyen Âge, la musique occidentale était dominée par le chant grégorien, un genre de chant liturgique monodique (à une seule voix) et a cappella (sans accompagnement instrumental). Le chant grégorien était considéré comme un moyen d’élévation spirituelle et de communion avec Dieu. Il était donc essentiel de le transmettre fidèlement aux générations futures.

Mais comment noter la musique sans utiliser de syllabes ? C’était le problème auquel étaient confrontés les musiciens et les religieux de l’époque. En effet, il n’existait pas encore de système de notation universel et précis pour représenter la hauteur, la durée et l’intensité des sons. Les premiers essais de notation se faisaient à l’aide de signes appelés neumes, qui indiquaient la direction générale de la mélodie, mais pas les intervalles exacts entre les notes. Les neumes étaient placés au-dessus des paroles du chant, mais sans lien avec une portée ou une clé. Il fallait donc connaître le chant par cœur pour pouvoir le reproduire correctement.

C’est dans ce contexte qu’un archevêque espagnol du nom d’Isidore de Séville exprima son désespoir face à l’impossibilité de fixer les sons sur le papier. Il écrivit au VIe siècle : « Si l’on ne se souvient pas des sons, ils périssent, car ils ne peuvent être écrits ». Il craignait que les chants sacrés ne soient altérés ou oubliés avec le temps, et que la musique perde ainsi sa pureté et sa beauté.

L’invention du moine Guido d’Arezzo

Heureusement, un moine bénédictin italien du nom de Guido d’Arezzo allait apporter une solution à ce problème. Guido d’Arezzo était un maître de musique renommé, qui enseignait le chant grégorien à ses élèves. Il se rendit compte que la notation par neumes était trop imprécise et trop difficile à apprendre. Il décida alors de créer un nouveau système de notation, plus simple et plus efficace.

Guido d’Arezzo s’inspira de la solmisation, qu’il connaissait sans doute par l’intermédiaire des musiques orientales. Il remarqua que la plupart des chants grégoriens pouvaient être divisés en six degrés, ou hexacordes, qui correspondaient aux six premières notes de la gamme majeure actuelle. Il attribua à ces notes les syllabes Do, Re, Mi, Fa, Sol, La, en se basant sur un hymne latin bien connu à l’époque, « Ut Queant Laxis ». Cet hymne, dédié à saint Jean-Baptiste, avait la particularité que chaque ligne commençait une note plus haut que la précédente. Guido d’Arezzo utilisa donc les premières lettres de chaque mot de chaque ligne pour nommer les notes.

Mais Guido d’Arezzo ne s’arrêta pas là. Il inventa aussi un moyen de représenter visuellement les notes sur une portée de quatre lignes, en utilisant des carrés de différentes couleurs. Il introduisit également la notion de clé, qui permettait d’indiquer le nom de la note placée sur la première ligne de la portée. Il choisit la lettre C pour la clé de do, et la lettre F pour la clé de fa. Il créa ainsi les ancêtres des clés de sol et de fa actuelles.

Grâce à son système de notation, Guido d’Arezzo rendit la musique plus facile à lire, à écrire et à apprendre. Il permit aussi de développer la polyphonie, c’est-à-dire la superposition de plusieurs voix ou instruments différents. Il fut reconnu comme un génie et un innovateur, et son œuvre fut largement diffusée dans toute l’Europe.

L’héritage de Guido d’Arezzo

Le système de notation de Guido d’Arezzo a connu quelques modifications au fil des siècles, mais il est resté la base de la musique occidentale jusqu’à nos jours. Les syllabes Do, Re, Mi, Fa, Sol, La, Si, Do sont encore utilisées pour nommer les notes dans de nombreux pays, notamment en France, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Roumanie, en Grèce, en Turquie, en Israël, au Japon, en Corée, en Chine, en Indonésie, au Vietnam, et dans une partie de l’Amérique latine. Dans les pays anglo-saxons, on utilise plutôt les lettres A, B, C, D, E, F, G, qui correspondent aux notes La, Si, Do, Re, Mi, Fa, Sol.

Les syllabes Do, Re, Mi, Fa, Sol, La, Si, Do ont aussi été popularisées par la culture populaire, notamment par la comédie musicale La Mélodie du bonheur, sortie en 1965. Dans cette œuvre, Julie Andrews interprète une jeune femme qui devient la gouvernante des sept enfants d’un veuf, un capitaine autrichien. Elle leur apprend à chanter en utilisant les syllabes de Guido d’Arezzo, dans une chanson intitulée « Do-Re-Mi ». Cette chanson, écrite par Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II, est devenue un classique, repris par de nombreux artistes et parodié dans des émissions comme Les Simpson ou South Park. Elle contient cette phrase célèbre : « Quand vous connaissez les notes à chanter, vous pouvez presque tout chanter ! »

Conclusion : Plus qu’une Simple Suite de Sons

En fin de compte, «Do, Re, Mi» n’est pas seulement un ensemble de sons accrocheurs. C’est le résultat d’une longue histoire de perspicacité, d’innovation et de créativité. Chaque fois que nous chantons ces syllabes, nous rendons hommage à un héritage qui a façonné l’essence même de la musique telle que nous la connaissons.

Cet article, en explorant les origines et l’impact de la solmisation, nous montre que derrière chaque note se cache une histoire riche et fascinante. La musique, dans sa simplicité apparente, est un univers complexe et merveilleusement structuré, un pont entre passé et présent, un langage universel qui continue de nous émouvoir, de nous unir et de nous inspirer.

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