
Elles sont arrivées dans un tourbillon de plumes, de paillettes et de musique pop.
Pan’s People, c’était une touche de liberté, de sensualité et de grâce dans un monde télévisuel qui découvrait encore comment bouger. Elles dansaient chaque semaine pour toute une nation. Un symbole, une époque. Et pourtant, elles sont aujourd’hui presque oubliées.
Quand la musique avait un visage
Il fut un temps où les tubes du Top 40 n’avaient pas forcément de clip. À la télévision, on ne pouvait pas diffuser des images du groupe si celui-ci n’était pas présent. Alors, la BBC a eu une idée : faire danser une troupe de jeunes femmes pour incarner les chansons à l’écran. Ainsi naquit Pan’s People.
Nous sommes à la fin des années 60. Top of the Pops est l’émission culte du jeudi soir. Une véritable institution britannique. Les Pan’s People vont y imposer un style, une empreinte, une vision de la pop culture à travers le corps et le mouvement. À l’époque, il ne s’agit pas d’un simple numéro dansé, mais d’un art de la présence, d’un flair pour capturer l’air du temps.
Un casting à l’anglaise
Pan’s People, c’est d’abord une rencontre autour d’une femme : Flick Colby. Danseuse, chorégraphe, Américaine installée au Royaume-Uni, elle veut créer une troupe capable d’interpréter les hits de la semaine. Avec des personnalités aussi marquantes que Dee Dee Wilde, Ruth Pearson ou Babs Lord, elle constitue une équipe aux talents multiples et à l’alchimie palpable.
Elles ne sont pas des danseuses classiques. Elles ne sont pas non plus des pin-ups interchangeables. Ce sont des femmes avec du style, une attitude, une sensualité assumée mais jamais vulgaire. Une allure unique dans chaque performance.
La télévision en direct, l’audace en prime
Chaque jeudi soir, Pan’s People dansait dans des millions de salons. Le Royaume-Uni tout entier attendait leur apparition avec impatience. Pour les jeunes filles, elles étaient des modèles ; pour les garçons, des premières émotions adolescentes. Pour les parents, un peu d’incompréhension, mais aussi d’admiration.
Ce lien hebdomadaire entre les artistes et le public, elles l’ont incarné mieux que personne. Elles étaient le pont entre Bowie et la banlieue, entre soul et suburb.
Chaque semaine, une nouvelle chanson. Chaque semaine, une chorégraphie à créer, répéter, interpréter. Sans effets spéciaux, sans montage. Tout devait être parfait à la première prise.
Le studio de Top of the Pops devient leur scène. Le public britannique attend leur performance autant que celle des chanteurs. Parfois même plus. Car il arrive que l’artiste soit absent, et alors, Pan’s People incarnent le morceau à elles seules.
Par leur style vestimentaire, elles contribuent à forger l’esthétique de l’époque : bottes hautes, minijupes, paillettes, cheveux lâchés ou en chignon sophistiqué. Elles sont les héroïnes silencieuses de la bande-son des seventies.
Une chorégraphie pour chaque émotion
Ce qui frappe dans le travail de Pan’s People, c’est leur capacité à traduire les émotions d’une chanson en gestes. Pour une ballade douce, elles dansent avec langueur et élégance. Pour un morceau rock ou disco, elles explosent d’énergie.
Ce n’était pas simplement de la danse : c’était de la narration corporelle. Leurs mouvements racontaient une histoire que chacun pouvait s’approprier. Leur expressivité servait la musique. C’est cette alchimie qui a conquis le public.
Une influence qui dépasse le Royaume-Uni
Si Pan’s People ont principalement marqué la mémoire britannique, leur influence a traversé les frontières. En France, les “Clodettes” pour Claude François, puis les troupes des émissions variétés, s’inspireront de leur modèle.
Des générations d’artistes, chorégraphes, réalisateurs de clips et de comédies musicales leur doivent une part de leur langage visuel. Elles ont été pionnières dans l’intégration de la danse à la culture pop télévisée.
Nombreuses sont les artistes qui citent Pan’s People comme une source d’inspiration, de Madonna à Kylie Minogue. Leur héritage réside aussi dans l’évidence de voir des femmes danser à la télévision sans justification autre que le plaisir de l’art.
Le déclin progressif et la relève
Vers la fin des années 70, les goûts changent. Les vidéoclips commencent à apparaître. Les artistes veulent contrôler leur image. La BBC renouvelle son style. Pan’s People laissent la place à d’autres troupes, comme Ruby Flipper, puis Legs & Co.

Certaines des membres poursuivent une carrière artistique ou médiatique. D’autres quittent la lumière. La troupe se dissout, mais son souvenir reste vivant chez les nostalgiques, les amateurs d’archives et les passionnés d’histoire de la pop culture.
La redécouverte moderne
Depuis quelques années, des archives de la BBC ont été restaurées et diffusées sur Internet. Les vidéos de Pan’s People font l’objet d’un regain d’intérêt. Les jeunes générations découvrent avec fascination ces performances vintage, ces danses parfois kitsch, mais toujours pleines d’âme.
Des documentaires, des hommages, des podcasts leur redonnent leur place. Car il est temps de reconnaître ce qu’elles ont été : les pionnières d’une expression visuelle de la pop, bien avant l’explosion médiatique du clip.
Ce que l’on retient d’elles
Pan’s People, c’est une forme d’art oubliée. Un moment suspendu entre la musique, la danse et la télévision. Ce sont des femmes qui ont exprimé, par le corps, les tendances d’un pays, les envies d’une époque, les battements d’un cœur collectif.
Dans une époque où tout passe par le visuel et la communication numérique, leur authenticité corporelle, leur spontanéité et leur présence sur scène résonnent d’autant plus fort.
Elles ne chantaient pas. Elles ne parlaient pas. Elles dansaient. Et parfois, c’est ce langage-là qui traverse le mieux les décennies.
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