
Les mères sont au cœur de toutes les sociétés, piliers silencieux de l’humanité. Si aujourd’hui la Fête des Mères est bien ancrée dans nos traditions, ses racines plongent dans un terreau historique vieux de plusieurs millénaires. Bien avant les bouquets, les cartes et les repas en famille, les civilisations antiques honoraient déjà la maternité à travers des rites, des déesses et des cérémonies. Ce geste d’amour, devenu institution moderne, tire son origine de cultes bien plus profonds qu’on ne l’imagine. Parcourons ensemble cette histoire universelle, où l’amour filial se mêle au sacré.
Les origines sacrées de la maternité
Il y a près de 4 000 ans, les premières sociétés humaines organisées posaient déjà les fondements d’un culte envers les forces féminines associées à la fertilité, la terre, et la maternité. Dans les cultures mésopotamiennes, sumériennes et hittites, la fécondité était perçue comme une bénédiction divine, incarnée par des figures féminines puissantes. Inanna, Ninhursag, ou encore Ishtar, autant de déesses célébrées comme mères de l’humanité, dont les attributs évoquaient l’enfantement et la protection.
Ces rituels mêlaient chants, danses, offrandes et prières. Ils ne célébraient pas des mères individuelles, mais l’idée même de la maternité comme force cosmique. Dans un monde marqué par l’imprévisible, ces cultes assuraient la continuité, la survie et la prospérité des peuples.
Les mères divines dans le monde gréco-romain
Dans la Grèce antique, la déesse Rhéa, mère de Zeus, Poséidon, Héra et bien d’autres, occupait une place majeure dans les mythes. Elle était célébrée lors de grandes fêtes printanières, notamment durant les Mégalésies en son honneur, ancêtre lointain des célébrations maternelles. Ces festivités s’inscrivaient dans le cycle des saisons et de la régénération, associant la maternité à l’éternel recommencement.
À Rome, c’est Cybèle, une divinité importée d’Asie Mineure, qui prit le relais. On la vénérait durant les Hilaria, en mars, par des processions, des sacrifices et des jeux. Mère des dieux, elle incarnait la puissance génératrice du féminin. Ses prêtres, vêtus de tenues extravagantes, organisaient des cérémonies hautement symboliques, parfois d’une intensité dramatique.
Les échos du Moyen Âge : discrétion et culte de la Vierge
Avec l’essor du christianisme, les déesses furent reléguées à l’arrière-plan, mais le culte de la maternité subsista sous d’autres formes, plus discrètes. La figure de la Vierge Marie émergea comme symbole absolu de la mère idéale, pure, douce, et aimante. Les fêtes mariales, les prières et les processions renforcèrent ce lien entre divin et maternel.
Les mères du peuple, elles, n’étaient pas célébrées directement, mais leur rôle était sanctifié à travers les valeurs chrétiennes : sacrifice, foi, dévouement. Dans les monastères, on copiait des manuscrits illustrant la Vierge à l’Enfant ; dans les églises, on récitait des cantiques dédiés à Marie. Les mères humaines étaient invisibles, mais leur essence s’était métamorphosée en culte spirituel.
Le Mother’s Day anglais : aux racines d’un renouveau
En Angleterre, à partir du XVIIe siècle, une tradition nommée « Mothering Sunday » prit forme. Chaque quatrième dimanche de Carême, les enfants qui travaillaient comme domestiques retournaient dans leur paroisse d’origine pour visiter leur mère et lui offrir des présents symboliques, comme un gâteau aux épices nommé Simnel cake.
Cette tradition avait une double origine : religieuse, en lien avec le retour à l’« Église mère », mais aussi affective, puisque ce jour devenait une rare occasion de retrouvailles familiales. Cette coutume connut des hauts et des bas, mais elle allait influencer les futures fêtes modernes.
La naissance de la fête moderne : Anna Jarvis et le combat d’une fille
C’est aux États-Unis, au début du XXe siècle, que la fête des mères prit un tournant décisif. Anna Jarvis, profondément marquée par la disparition de sa mère, organisa en 1908 une cérémonie en son honneur. Elle milita inlassablement pour que cette journée devienne une fête nationale. Son vœu fut exaucé en 1914, quand le président Woodrow Wilson déclara officiellement le deuxième dimanche de mai comme le Mother’s Day.
Mais l’ironie du sort, c’est qu’Anna Jarvis passa les dernières années de sa vie à combattre… la commercialisation outrancière de cette fête. Elle avait rêvé d’un hommage intime et sincère. Elle assista, impuissante, à la montée des cartes préfabriquées, des fleurs imposées et du marketing envahissant.
Une fête universelle… ou presque
Aujourd’hui, la Fête des Mères est célébrée dans plus de 150 pays, à des dates diverses. En France, elle fut officialisée en 1950 par une loi ; au Japon, elle est associée au chrysanthème ; au Mexique, on chante les « Las Mañanitas ». En Éthiopie, les mères sont fêtées pendant trois jours lors du festival Antrosht, dans une ambiance festive où musiques et repas partagés expriment la gratitude des enfants.
Cette diversité montre que malgré les différences culturelles, une constante demeure : le besoin d’exprimer notre reconnaissance envers celles qui nous ont portés, nourris, aimés.
Pourquoi fêter sa mère n’a rien de banal
Célébrer les mères n’est pas un geste anodin. C’est une mémoire qui traverse les siècles, une émotion universelle qui résiste au temps, aux guerres, aux crises. C’est une manière de dire à celle qui nous a donné la vie que, malgré les imperfections du monde, son amour reste un repère, un socle, un refuge.
Derrière chaque brunch dominical ou bouquet offert, il y a une histoire millénaire, une promesse d’humanité. N’oubliez jamais : en fêtant votre mère, vous participez à un très vieux rituel, fait de tendresse et de reconnaissance.
Rejoignez-nous !
Abonnez-vous à notre liste de diffusion et recevez des informations intéressantes et des mises à jour dans votre boîte de réception.