Les récentes découvertes archéologiques à Huanchaco, au nord du Pérou, mettent en lumière une tragédie méconnue de l’histoire inca : la mort de nombreux enfants à cause de la variole, une maladie importée par les colons espagnols au XVIe siècle. Cette épidémie, qui a ravagé les populations locales, est un sombre rappel des conséquences dévastatrices des rencontres entre les Européens et les civilisations indigènes des Amériques.
Les Découvertes Archéologiques de Huanchaco
Une équipe déterminée
À Huanchaco, une petite ville côtière du nord du Pérou, une équipe de bioarchéologues et d’anthropologues américains a fait une découverte significative. En fouillant un ancien cimetière attenant à une église coloniale espagnole, ils ont mis au jour les squelettes de deux enfants inca, âgés de un à deux ans, portant des marques indubitables de la variole. Ces enfants, enterrés autour de l’an 1540, révèlent les premiers signes tangibles de l’impact dévastateur de la variole sur les populations locales.
Les preuves de la maladie
L’analyse des ossements a révélé des lésions caractéristiques de l’ostéomyélite variolique, une infection osseuse provoquée par la variole. Les scientifiques ont noté que cette infection peut apparaître plusieurs semaines après le début de l’infection virale, surtout chez les nourrissons et les jeunes enfants. Les restes humains retrouvés étaient exceptionnellement bien conservés, permettant une analyse détaillée et confirmant le diagnostic de variole.
L’arrivée des Espagnols et la propagation de la variole
Les premiers contacts
La date de décès des enfants concorde avec l’arrivée des Espagnols dans la région. Francisco Pizarro et ses soldats sont arrivés à Huanchaco au début de 1533, et la fondation de la ville espagnole de Trujillo en 1534 marque le début de la colonisation intensive. Les Espagnols, porteurs de maladies inconnues dans le Nouveau Monde, ont sans le vouloir introduit des infections dévastatrices comme la variole, contre lesquelles les populations locales n’avaient aucune immunité.
L’épidémie dévastatrice
La variole a rapidement décimé les populations incas locales. Les estimations indiquent que la côte nord du Pérou a perdu environ 71 % de sa population totale entre 1570 et 1620, un dépeuplement parmi les plus élevés de l’époque coloniale. Cette mortalité massive a profondément bouleversé les structures sociales et culturelles des Incas, précipitant la chute de leur civilisation.
Les Enfants Incas : Victimes de la Variole
Une découverte poignante
La découverte des squelettes des deux enfants à Huanchaco est particulièrement poignante. Les enfants ont été enterrés avec des croix chrétiennes en roseau, signe qu’ils avaient été baptisés et convertis à la religion imposée par les Espagnols. Ce détail souligne non seulement la dimension sanitaire de la catastrophe mais aussi l’aspect culturel et religieux de la colonisation.
L’importance de la recherche continue
Khrystyne Tschinkel, bioarchéologue à l’Université Hamline, souligne l’importance de trouver d’autres cas de variole de cette époque pour mieux comprendre comment les épidémies se sont propagées et où elles se sont concentrées. En identifiant davantage de cas, les scientifiques espèrent reconstituer les dynamiques de la propagation de la maladie et ses effets sur les populations indigènes.
Les Conséquences de la Colonisation sur les Incas
Dépeuplement et déstabilisation sociale
La variole, comme d’autres maladies introduites par les Européens, a provoqué une mortalité massive parmi les Incas, conduisant à un effondrement démographique sans précédent. La perte de tant de vies a désorganisé les sociétés locales, perturbant les structures sociales, économiques et politiques. Les communautés ont été incapables de se maintenir, et les savoirs traditionnels ont souvent été perdus avec les générations décimées.
Imposition de nouvelles cultures et religions
L’enterrement des enfants avec des croix chrétiennes illustre la force avec laquelle les colons espagnols ont imposé leur religion et leur culture aux populations locales. La conversion forcée ou volontaire des Incas au christianisme fait partie intégrante de l’histoire de la colonisation, où les missions religieuses accompagnaient les conquêtes militaires et politiques.
Réflexions sur les Interactions Culturelles et Sanitaires
Le choc des civilisations
La rencontre entre les Européens et les civilisations indigènes des Amériques a été marquée par un choc des civilisations, où les maladies ont joué un rôle destructeur majeur. Les Européens, souvent inconscients des effets de leurs maladies, ont néanmoins provoqué des catastrophes sanitaires qui ont façonné l’histoire des continents américains.
Le rôle de la recherche archéologique
Les découvertes archéologiques, comme celles faites à Huanchaco, sont cruciales pour comprendre les dynamiques historiques de ces interactions. Elles fournissent des preuves tangibles des impacts des maladies et permettent de reconstituer les événements avec une précision scientifique. La recherche continue dans ce domaine est essentielle pour approfondir notre compréhension des processus historiques et leurs effets durables sur les sociétés humaines.
Conclusion
La découverte des traces de variole sur les squelettes des enfants incas à Huanchaco est un rappel poignant des souffrances endurées par les populations indigènes à cause des maladies importées par les colons européens. Elle met en lumière l’ampleur des épidémies et leurs conséquences dévastatrices sur les sociétés locales. En poursuivant ces recherches, les scientifiques espèrent non seulement rendre justice à ces histoires oubliées mais aussi enrichir notre compréhension des interactions complexes entre les civilisations européennes et américaines.
Source: International Journal of Paleopathology.
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