Le secret stellaire des Dogons

Le secret stellaire des Dogons

Au cœur du pays Dogon, entre les falaises de Bandiagara et les vastes plaines du Mali, vit un peuple dont la culture semble dialoguer avec l’univers. Leur art, leurs danses, leurs cosmogonies ne sont pas seulement des expressions spirituelles ou esthétiques. Elles sont aussi, dit-on, les porteurs d’un savoir céleste aussi ancien qu’énigmatique. Et parmi toutes les constellations que les Dogons évoquent dans leurs traditions orales, une attire l’attention de tous : Sirius.

Cette étoile, la plus brillante de notre ciel nocturne, fait l’objet de récits d’une précision déroutante. Les Dogons ne se contentent pas de dire qu’elle existe : ils parlent d’une étoile double, voire triple, d’une orbite elliptique, d’un satellite lourd et dense invisible à l’œil nu. Tout cela dans une culture sans écriture, transmise par la parole et les symboles. Comment expliquer cela ? D’où provient ce savoir ?

La voix des anciens

Chez les Dogons, les récits ne s’écrivent pas. Ils se dansent, se sculptent, se chantent. Chaque masque, chaque cérémonie, chaque parole a une signification cosmique. Leur cosmogonie, transmise par les prêtres-historiens nommés « hogons », raconte la création de l’univers en des termes troublants. Ils parlent d’un œuf originel, du chaos, de la germination de l’univers, d’êtres nommés Nommos, venus de Sirius pour enseigner la connaissance.

Ce mythe semble allier philosophie, astronomie et symbolisme. Ce ne sont pas de simples légendes villageoises. Il s’agit d’un système complet de compréhension du monde, mêlant astronomie et spiritualité. Ce qui trouble les chercheurs, c’est que cette compréhension inclut des faits que la science occidentale n’a confirmés qu’au XXe siècle.

Sirius B, l’invisible révélée

La composante la plus intrigante du récit dogon concerne Sirius B, une étoile naine blanche qui gravite autour de Sirius A. Invisible à l’œil nu, elle fut évoquée dès les années 1930 dans les récits dogons recueillis par les ethnologues français Marcel Griaule et Germaine Dieterlen. Or, Sirius B ne fut photographiée pour la première fois qu’en 1970. Avant cela, sa présence n’était qu’une déduction théorique issue d’observations indirectes.

Les Dogons ne parlent pas seulement de cette étoile invisible. Ils décrivent son orbite de 50 ans, sa densité extrême, sa taille réduite mais son poids énorme — autant de données qui ont sidéré les astronomes modernes. Une question revient alors, inévitable : est-ce que les Dogons ont pu acquérir cette connaissance sans technologie moderne ? Et si oui… comment ?

Des visiteurs venus d’ailleurs ?

Certains chercheurs, fascinés par la précision dogon, ont proposé une hypothèse audacieuse : et si cette connaissance venait d’un contact ancien avec une civilisation extraterrestre ? Selon les récits dogons, les Nommos seraient venus de Sirius, dans des « arches » descendues du ciel dans un fracas d’eau et de lumière. Ils seraient les premiers enseignants, porteurs de l’ordre cosmique.

Cette hypothèse, popularisée dans les années 70, a fait couler beaucoup d’encre. Des livres entiers ont exploré la possibilité d’un contact ancien entre les Dogons et des êtres venus de l’espace. Certains y voient une version africaine des « anciens astronautes » chers à Erich von Däniken. D’autres y lisent une métaphore spirituelle, une cosmogonie poétique, un langage codé.

Une tradition orale interprétée… ou mal interprétée ?

Mais tous ne partagent pas cette fascination sans réserve. Des voix critiques se sont élevées contre les récits de Griaule. D’autres ethnologues, venus après lui, n’ont pas retrouvé la même cohérence ni les mêmes détails astronomiques dans les discours dogons. Certains pensent que Griaule aurait projeté dans les mythes dogons ses propres interprétations ou exagéré certaines coïncidences pour servir une narration spectaculaire.

Il est aussi possible que les Dogons aient été influencés par les astronomes occidentaux venus sur place dès les débuts du XXe siècle. Sirius est bien visible à l’œil nu, et des conversations ont pu s’engager entre visiteurs et habitants. Si l’information a été partagée, même de façon informelle, elle aurait pu être intégrée dans les récits traditionnels. Ce ne serait pas la première fois que l’histoire orale intègre des éléments récents dans un récit ancien.

Un savoir ancestral, quoi qu’il en soit

Mais là n’est peut-être pas l’essentiel. Que les Dogons aient su ou non pour Sirius B avant 1970, leur culture reste d’une richesse extraordinaire. Leur système de pensée relie le ciel, la terre, le corps humain, la parole, le temps et l’espace dans un tissage symbolique d’une grande complexité. Leur capacité à transmettre des idées aussi vastes sans écriture, sans instruments modernes, mérite une admiration profonde.

Leur rapport au cosmos nous enseigne quelque chose d’essentiel : la connaissance ne se limite pas à ce qui est mesuré, calculé, ou vérifié par des machines. Elle peut aussi être vécue, ressentie, méditée. Elle peut se cacher dans les mythes, les chants, les gestes, les silences.

Et si les mystères avaient leur place ?

Il n’est pas toujours nécessaire de trancher entre mythe et science, entre croyance et preuve. Parfois, le mystère lui-même a une valeur. Il pousse à la curiosité, à l’écoute, à la recherche. Il relie des mondes qui semblent opposés. Les Dogons nous rappellent cela avec une beauté rare. Leur regard sur Sirius, qu’il soit nourri par des observations ou par des visions, reste un appel au respect, à l’émerveillement, et peut-être… à une autre forme de savoir.

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