Le Parc Belmont : un rêve éveillé

Photo: Conrad Poirier – Le parc Belmont en 1937.
Photo: Conrad Poirier – Le parc Belmont en 1937.

C’était un samedi soir d’été, à une époque révolue, le soleil se couchait lentement sur la rivière des Prairies, teintant le ciel de rose et de violet. Sur la rive, le parc Belmont brillait de mille feux, attirant les foules comme un aimant. Des rires, des cris, de la musique et des odeurs de barbe à papa et de popcorn emplissaient l’air. Le parc Belmont, c’était le lieu de divertissement par excellence pour les Montréalais, le paradis des enfants et des amoureux.

Marc et Louise étaient deux de ces amoureux. Ils s’étaient rencontrés au début de l’année, à l’université de Montréal, où ils étudiaient tous les deux en littérature. Ils partageaient la même passion pour les livres, la poésie et le cinéma. Ils aimaient aussi s’amuser et profiter de la vie. Le parc Belmont était leur endroit préféré pour passer du temps ensemble. Ils y venaient souvent, en tramway ou en voiture, selon leur humeur.

Ce soir-là, ils avaient décidé de se faire plaisir et de faire le tour des manèges. Ils commencèrent par le Cyclone, les fameuses montagnes russes à charpente de bois qui faisaient frissonner les plus courageux. Marc et Louise adoraient la sensation de vitesse et de vertige qu’elles leur procuraient. Ils se tenaient la main, se serrant fort quand le wagonnet plongeait dans le vide ou tournait brusquement. Ils riaient aux éclats, se sentant vivants et libres.

Ils continuèrent ensuite par la maison hantée, où ils se faufilèrent dans le noir, entre les squelettes, les fantômes et les toiles d’araignée. Ils se faisaient peur mutuellement, en se cachant derrière les décors ou en poussant des hurlements. Ils se blottirent l’un contre l’autre quand ils croisèrent le regard d’une sorcière qui leur lança un sort. Ils sortirent du manège en riant, le cœur battant.

Ils firent une pause pour se désaltérer avec une limonade et grignoter un hot-dog. Ils en profitèrent pour admirer les spectacles gratuits qui se déroulaient sur la scène centrale. Il y avait des casse-cou qui faisaient des acrobaties sur des motos ou des voitures, des artistes de haute voltige qui marchaient sur un fil ou sautaient dans un filet, et même des animaux savants qui jouaient au basket ou au piano. Marc et Louise applaudissaient avec enthousiasme, émerveillés par tant de talent.

Ils reprirent leur périple par le Tapis magique, une sorte de grand huit qui les emmenait dans un voyage fantastique à travers le monde. Ils survolèrent les pyramides d’Égypte, la tour Eiffel de Paris, le Taj Mahal de l’Inde et bien d’autres merveilles. Ils s’émerveillèrent devant les décors colorés et les effets spéciaux qui rendaient le tout plus réel. Ils se prirent en photo devant chaque paysage, immortalisant leur bonheur.

Ils terminèrent leur soirée par la grande roue, qui leur offrait une vue imprenable sur tout le parc et ses lumières scintillantes. Ils montèrent dans une nacelle rouge et s’installèrent confortablement. La roue se mit en mouvement, les faisant monter lentement vers le ciel étoilé. Marc prit Louise dans ses bras et lui murmura à l’oreille :

– Tu sais que je t’aime ?

– Moi aussi je t’aime, répondit-elle en lui souriant.

Ils s’embrassèrent tendrement, sous le regard bienveillant de la lune. Ils se sentaient heureux et comblés. Le parc Belmont était leur rêve éveillé.

Fin