La confiance en mathématiques varie-t-elle selon le genre ?

La confiance en mathématiques varie-t-elle selon le genre ?

Les stéréotypes de genre et les dynamiques sociales influencent profondément la perception de soi, notamment dans le domaine des mathématiques. Les garçons sont souvent perçus comme plus confiants en mathématiques que les filles, malgré des performances objectives similaires. Cette différence de confiance a des répercussions importantes sur les choix éducatifs et professionnels, particulièrement dans les domaines STEM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques). Cet article explore comment l’influence des pairs peut stimuler la confiance en mathématiques chez les garçons et quels mécanismes sociaux sous-tendent cette dynamique.

Les origines de la confiance en mathématiques : un regard historique

Pour comprendre l’influence des pairs sur la confiance en mathématiques, il est essentiel de remonter aux racines des stéréotypes de genre en éducation. Historiquement, les disciplines scientifiques et techniques ont été dominées par les hommes. Cette prédominance masculine a alimenté l’idée que les garçons sont naturellement plus doués pour les mathématiques. À l’inverse, les filles ont été encouragées à s’orienter vers des domaines perçus comme plus «féminins», tels que les lettres et les arts.

Les systèmes éducatifs ont souvent renforcé ces stéréotypes par des biais implicites et explicites, influençant ainsi la manière dont les garçons et les filles perçoivent leurs compétences en mathématiques. La socialisation genrée, dès le plus jeune âge, joue un rôle crucial dans la formation de ces perceptions.

La perception de soi : rôle des performances objectives et subjectives

La perception de ses compétences en mathématiques est déterminée par un mélange de performances objectives (les notes obtenues) et de jugements subjectifs. Une étude de l’Université de Zurich a mis en lumière des différences significatives dans la manière dont les garçons et les filles évaluent leurs compétences en mathématiques.

Les filles, en général, tendent à baser leur auto-évaluation sur leurs performances réelles. Si elles obtiennent de bonnes notes, leur confiance en leurs compétences augmente. À l’inverse, une mauvaise performance conduit souvent à une baisse de confiance. Les garçons, cependant, sont plus susceptibles de surestimer leurs compétences, indépendamment de leurs performances réelles. Même avec des notes inférieures à la moyenne, ils peuvent continuer à se percevoir comme compétents en mathématiques.

L’influence des pairs : un facteur décisif pour les garçons

Les relations avec les pairs jouent un rôle crucial dans la formation de la confiance en mathématiques, en particulier chez les garçons. À l’adolescence, les adolescents cherchent à s’intégrer et à être acceptés par leurs groupes de pairs. Cette quête de validation sociale peut fortement influencer leur perception de soi.

L’étude de l’Université de Zurich a révélé que les garçons sont particulièrement sensibles aux comparaisons avec leurs pairs. Ils ajustent leur confiance en fonction de leur position relative par rapport aux autres dans leur groupe d’amis. Par exemple, un garçon peut se sentir plus confiant s’il se compare à des amis qui ont des notes inférieures aux siennes en mathématiques. Inversement, s’il se compare à des amis ayant de meilleures performances, sa confiance peut diminuer.

Cette sensibilité aux comparaisons sociales est moins marquée chez les filles, qui tendent à se fier davantage à leurs performances objectives. Cependant, il est crucial de noter que cette dynamique ne signifie pas nécessairement que les filles sont moins influencées par leurs pairs, mais plutôt qu’elles intègrent ces influences de manière différente.

Les réseaux d’amitié : comment les interactions sociales façonnent la confiance

Les réseaux d’amitié jouent un rôle central dans la formation de la confiance en mathématiques. Les garçons ont tendance à former des groupes homogènes où la compétition et la comparaison sont courantes. Ces dynamiques de groupe peuvent renforcer la confiance en mathématiques lorsque les garçons se comparent favorablement à leurs pairs.

Cependant, les amitiés mixtes, où garçons et filles interagissent de manière régulière, peuvent modérer cette confiance. Lorsqu’ils sont exposés aux auto-évaluations des filles, les garçons peuvent devenir plus conscients de leurs propres compétences réelles et ajuster leur confiance en conséquence. Cela montre que les interactions sociales ne sont pas seulement des contextes de comparaison, mais aussi des espaces où les perceptions peuvent être challengées et révisées.

Les stéréotypes de genre : un poids lourd mais invisible

Les stéréotypes de genre jouent un rôle subtil mais puissant dans la formation des perceptions de compétence en mathématiques. Bien que ces stéréotypes ne soient pas toujours explicitement exprimés, ils sont intégrés dans les attentes et les comportements sociaux. Les garçons peuvent internaliser l’idée qu’ils sont «censés» être bons en mathématiques, ce qui peut les pousser à maintenir une haute estime de soi même en face de preuves contraires (comme de mauvaises notes).

Pour les filles, les stéréotypes peuvent agir comme une barrière invisible, les empêchant de se percevoir comme capables même lorsqu’elles performent bien. Ces attentes de genre peuvent limiter les aspirations des filles et les dissuader de poursuivre des carrières dans les domaines STEM.

Conséquences éducatives et professionnelles de la confiance en mathématiques

La confiance en mathématiques a des répercussions importantes sur les choix éducatifs et professionnels. Les élèves qui se perçoivent comme compétents en mathématiques sont plus susceptibles de choisir des filières scientifiques au lycée et des études universitaires en STEM. Ces choix influencent ensuite les carrières qu’ils envisagent et poursuivent.

Les garçons, avec une confiance souvent surestimée, sont plus enclins à s’engager dans des parcours STEM, même en l’absence de performances académiques exceptionnelles. Cette dynamique contribue à la surreprésentation des hommes dans les domaines scientifiques et techniques. En revanche, les filles, malgré des performances équivalentes ou supérieures, peuvent éviter ces filières en raison d’une confiance en soi insuffisante.

Stratégies pour renforcer la confiance en mathématiques chez les filles

Pour équilibrer la confiance en mathématiques entre les genres, il est crucial de mettre en place des stratégies ciblées. Encourager les filles à participer à des activités mathématiques et à des compétitions peut les aider à construire une image positive de leurs compétences. Les programmes de mentorat, où des femmes scientifiques et ingénieures partagent leurs expériences, peuvent également inspirer les jeunes filles et leur montrer des modèles de réussite.

Les enseignants ont un rôle clé à jouer en fournissant des feedbacks constructifs et en mettant en avant les réussites des filles en mathématiques. Créer un environnement de classe où les erreurs sont vues comme des opportunités d’apprentissage, plutôt que des échecs, peut aider à bâtir la confiance.

Implications politiques et éducatives

Les politiques éducatives doivent également aborder ces disparités de confiance. Intégrer des formations sur les biais de genre pour les enseignants peut aider à réduire les attentes différentielles envers les garçons et les filles. Les curriculums doivent être conçus pour encourager l’intérêt pour les mathématiques chez tous les élèves, indépendamment de leur genre.

Conclusion : Vers une confiance égalitaire en mathématiques

L’influence des pairs joue un rôle crucial dans la formation de la confiance en mathématiques, particulièrement chez les garçons. En reconnaissant et en adressant les dynamiques sociales et les stéréotypes de genre qui sous-tendent ces perceptions, il est possible de promouvoir une confiance en soi plus équilibrée entre les garçons et les filles. Cette démarche est essentielle pour encourager une participation équitable dans les domaines STEM et pour permettre à tous les jeunes de réaliser leur plein potentiel, indépendamment de leur genre.

Le lien vers l’étude

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