La chasse aux additifs alimentaires est ouverte, et pour cause : une récente étude menée par des chercheurs français met en lumière un lien préoccupant entre certains d’entre eux et un risque accru de cancers. Alors que notre alimentation moderne est truffée de ces substances destinées à améliorer la texture, le goût ou la conservation des produits, les résultats de cette recherche sonnent comme un avertissement pour les consommateurs et les régulateurs.
Un Lien Inquiétant
L’étude, orchestrée par une équipe multidisciplinaire comprenant des chercheurs de l’Inserm, de l’INRAE, de l’Université Sorbonne Paris Nord, de l’Université Paris Cité et du Cnam, s’est penchée sur les émulsifiants, des additifs fréquemment utilisés dans une vaste gamme de produits alimentaires. Ces substances, présentes dans les pâtisseries, les glaces, les chocolats, les pains, les margarines et les plats préparés, ont pour fonction d’améliorer l’aspect visuel et la texture des aliments, tout en prolongeant leur durée de vie sur les étalages.
Des Résultats Alarmants
Après avoir analysé les habitudes alimentaires et les données de santé de près de 92 000 adultes participant à l’étude NutriNet-Santé, les chercheurs ont établi un constat alarmant. Les individus consommant le plus de monoglycérides et diglycérides d’acides gras – des types spécifiques d’émulsifiants – voyaient leur risque général de développer un cancer augmenter de 15 %. Plus inquiétant encore, le risque de cancer du sein grimpait de 24 % et celui de cancer de la prostate de 46 % chez les plus grands consommateurs de ces substances. Une autre substance, le carraghénane, a été associée à une hausse de 32 % du risque de cancer du sein chez les femmes.
Aliments Ultra-transformés: Une Consommation à Double Tranchant
L’étude met également en lumière le rôle des aliments ultra-transformés, qui peuvent représenter jusqu’à la moitié de l’apport calorique quotidien dans certains pays industrialisés. Ces produits, souvent pointés du doigt pour leur forte teneur en sucre, en sel et en graisses saturées, sont désormais également scrutés pour leur teneur en additifs potentiellement nocifs.
La Complexité de l’Équation
Benoît Lamarche, professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, souligne la difficulté d’isoler l’effet des émulsifiants des autres facteurs nutritionnels présents dans les aliments ultra-transformés. Une pâtisserie, par exemple, peut contenir des émulsifiants mais aussi une quantité importante de sucre et de graisses. L’impact de ces substances sur le microbiote intestinal et, potentiellement, sur le risque de cancer, fait l’objet de recherches actives à travers le monde.
Une Question de Modération
Face à ces découvertes, la prudence est de mise. Si éviter complètement les aliments ultra-transformés peut sembler irréaliste pour bon nombre de consommateurs, il devient crucial de reconsidérer notre consommation de ces produits et de privilégier, dans la mesure du possible, les aliments frais ou peu transformés.
Vers Une Réforme des Aliments Ultra-transformés?
Cette étude interpelle non seulement les consommateurs mais aussi les fabricants et les régulateurs. Repenser la formulation des aliments ultra-transformés pour réduire leur teneur en additifs nocifs sans compromettre leur goût ou leur texture pourrait être un défi majeur pour l’industrie agroalimentaire dans les années à venir.
Conclusion
Les résultats de cette étude française, publiée dans le journal PLoS Medicine, constituent un appel à l’action pour tous les acteurs de la chaîne alimentaire, des producteurs aux consommateurs, en passant par les régulateurs. Alors que la recherche continue de démêler les liens complexes entre alimentation et santé, il appartient à chacun de nous de prendre des décisions éclairées concernant notre alimentation, pour notre bien-être et celui des générations futures.
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