Trump: le spectre d’un dictateur

Trump: le spectre d'un dictateur

Il y a quelques temps, Donald Trump déclarait qu’il ne serait « pas un dictateur, sauf le premier jour ». Une telle déclaration a pu prêter à sourire ou passer pour une provocation. Toutefois, le simple fait qu’il l’ait prononcée révèle un rapport troublant au pouvoir. Aujourd’hui, ce fameux « premier jour » tant redouté est derrière nous, et la question qui nous hante demeure : va-t-il réellement arrêter là ?

Si vous suivez la politique américaine depuis un certain temps, vous savez certainement que ce n’est pas la première fois que Donald Trump tient des propos volontairement provocateurs et menaçants. Depuis qu’il est sur la scène publique, sa rhétorique n’a cessé de surprendre, voire de choquer. On l’a vu insulter ses opposants, lancer des menaces à demi-voilées, qualifier la presse de « fake news » et encourager une polarisation grandissante. Pourtant, au fil des ans, certains ont semblé s’habituer à ces bravades. Peut-être un peu trop.

L’importance de ne pas banaliser

Comme Canadien, je dois vous avouer que ce qui me fait le plus peur, c’est la banalisation progressive de ce type de discours. Nous avons déjà connu, dans l’histoire récente, des hommes politiques qui se sont présentés comme les « sauveurs » d’une nation, promettant ordre et prospérité, tout en incitant à la haine ou en jugeant légitimes l’intimidation et la violence. Pensons à certains régimes du XXᵉ siècle qui ont mené aux pires atrocités. Même sans aller jusque-là, nous savons tous qu’il est dangereux de céder à la tentation de confier tous les pouvoirs à un seul individu, aussi charismatique ou « fort » soit-il.

Or, dans le cas de Donald Trump, il ne s’agit plus seulement d’un vernis de provocation. Plusieurs faits concrets s’accumulent. Des experts des deux côtés de la frontière, au Canada comme aux États-Unis, parlent de plus en plus ouvertement de « fascisme », un terme que l’on n’emploie normalement qu’avec une grande prudence. Les inquiétudes qu’il suscite sont multiples : accumulation du pouvoir, culte de la personnalité, menace pour les institutions démocratiques, encouragement à la violence, répression des opposants. Tout cela nous rappelle des époques que l’on croyait révolues.

Le « culte de la personnalité » version Trump

Un des éléments fondamentaux des régimes autoritaires est la mise en place d’un « culte de la personnalité » autour du dirigeant. Habituellement, cela se traduit par une glorification du chef, de ses talents prétendus extraordinaires, de sa force et de son sens de la justice. De telles stratégies permettent d’entretenir la loyauté absolue dans ses rangs et de faire taire toute contestation interne.

Avec Donald Trump, plusieurs analystes parlent effectivement d’un tel culte. Sa base électorale est réputée pour lui être extrêmement fidèle, prête à accepter ses paroles sans les remettre en question. Les discours et les rassemblements politiques qu’il organise prennent souvent des allures de grand-messes, où l’on scande son nom et où l’on applaudit même les déclarations les plus invraisemblables. Or, depuis qu’il est de retour à la Maison-Blanche, ce phénomène a semblé prendre une ampleur nouvelle. Les postes de confiance se sont raréfiés pour les gens compétents mais critiques : ne restent que les plus zélés, ceux qui font preuve d’une loyauté infaillible envers le président. Cette attitude transforme l’administration publique en un simple bras exécutif au service d’un homme, plutôt qu’au service de l’État.

Quand le parti ne contrôle plus son leader

L’affaiblissement d’un parti politique au profit d’un chef tout-puissant est un autre indicateur préoccupant. Le parti républicain, qui existait bien avant Donald Trump, a semblé se plier graduellement aux exigences de ce dernier. Là où l’on s’attendrait à ce que le parti encadre son président, on constate l’inverse : c’est plutôt Trump qui domine et contraint les élus du parti. Le résultat ? De moins en moins de voix dissidentes en interne, et un conformisme croissant autour de la ligne tracée par le président.

Le phénomène est d’autant plus inquiétant que, dans les régimes autoritaires, la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul individu favorise les décisions impulsives et un manque de transparence. Sans contrepouvoir fort, sans un parti capable de modérer les ardeurs de son leader, on se retrouve face à un homme qui concentre toute l’attention et qui peut prendre des décisions unilatérales. L’histoire nous montre d’ailleurs que les régimes autoritaires, où le chef peut décider seul, ont plus tendance à recourir à la guerre. Il est plus facile, quand on n’a pas à se justifier, de laisser libre cours aux folies ou aux stratégies agressives.

L’aval à la violence comme stratégie politique

Ce qui me heurte profondément, en tant que citoyen d’un pays qui se targue de respecter la démocratie et la tolérance, c’est la façon dont Donald Trump semble justifier ou du moins encourager des gestes violents. Les Proud Boys, par exemple, sont un groupe nationaliste qui a déjà reçu, en termes à peine voilés, l’approbation du président américain. Dans ses discours ou par ses silences, il laisse planer l’idée que la violence peut être une solution acceptable lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts ou de faire taire la contestation.

Nous avons tous en mémoire l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, alors même que Trump était sur le point de quitter la présidence la première fois. Cette attaque, dirigée contre l’un des symboles les plus sacrés de la démocratie américaine, a marqué un point de non-retour pour nombre d’observateurs. Robert Paxton, historien de renom, longtemps réticent à utiliser le mot « fasciste » pour qualifier l’ex-président, a fini par changer son fusil d’épaule au lendemain de cette émeute. Selon lui, les incitations de Trump ont franchi une ligne rouge et méritent désormais le qualificatif de « fascisme ».

Et comme si cette sombre page de l’histoire américaine ne suffisait pas, le nouveau Trump réélu est allé jusqu’à gracier une centaine de personnes impliquées dans cette attaque, offrant ainsi un geste de soutien explicite à des actes violents commis contre le cœur même des institutions démocratiques. Cette logique, qui consiste à utiliser ou récompenser des « milices extra-légales », s’inscrit dans la tradition des régimes fascistes, où l’on ferme les yeux sur les méfaits des groupes armés qui servent le pouvoir en place. N’oubliez jamais que cette attaque a causé cinq morts dont celle d’un policier.

Les purges politiques et la mainmise sur la bureaucratie

Un autre signe d’alarme se trouve dans les purges politiques que mène Donald Trump. Depuis son retour au pouvoir, il n’a pas hésité à licencier, voire à menacer de poursuites judiciaires, les agents du FBI ayant enquêté sur l’assaut du Capitole. Certains ont vu leurs carrières brisées, tandis que d’autres se sont retrouvés ostracisés sans motif valable. L’objectif d’une telle épuration est clair : semer la peur, écarter les contestataires et s’assurer la fidélité absolue des fonctionnaires.

Dans le même registre, l’intervention d’alliés comme Elon Musk dans la réorganisation massive de la bureaucratie américaine sème un profond malaise. Dans un pays où l’on vante la séparation des pouvoirs et la méritocratie, voir un milliardaire étranger au secteur public prendre part à une « révision » (en réalité, une purge) de fonctionnaires et d’organismes gouvernementaux soulève des questions sur l’indépendance de ces institutions. Les conflits d’intérêts se multiplient et la neutralité de l’administration est de plus en plus compromise. Cette façon de distribuer les postes aux seuls partisans fidèles ou d’écarter ceux qui posent des questions dangereuses pour le pouvoir se rapproche dangereusement du modus operandi des autocrates.

L’avertissement des généraux

Le président, devenu chef unique, ne suscite pas que la méfiance des civils. Des militaires de haut rang, qui ont servi sous son autorité, ont eu le courage de sonner l’alarme. Mark Milley, ancien chef d’état-major, a parlé d’une dérive « foncièrement fasciste » et a qualifié Trump de « personne la plus dangereuse pour le pays ». Un tel jugement n’est pas prononcé à la légère par un officier supérieur.

De son côté, John Kelly, ex-général et chef de cabinet de Trump de 2017 à 2019, n’a pas mâché ses mots. Dans une entrevue accordée au New York Times, il affirme que Trump a toujours éprouvé une fascination pour les approches dictatoriales. Selon Kelly, la séparation des pouvoirs lui apparaissait comme un frein injuste à son autorité. Un dirigeant qui tolère mal les limites constitutionnelles et rêve d’un pouvoir illimité n’a rien de rassurant pour la pérennité de la démocratie.

Les réponses évasives à des questions cruciales

Depuis plusieurs années, Donald Trump élude volontairement certaines questions fondamentales : Acceptera-t-il de remettre le pouvoir à la fin de son mandat actuel ? Envisage-t-il de se représenter pour un troisième mandat, ce qui serait contraire à la Constitution ? À chaque fois, ses réponses demeurent ambiguës, quand elles ne sont pas purement provocatrices.

Certains se souviendront qu’en 2016, lors d’un débat contre Hillary Clinton, Trump avait refusé de s’engager à reconnaître le résultat de l’élection en cas de défaite. C’était déjà un signal d’alarme. Quatre ans plus tard, lorsqu’il a effectivement perdu face à Joe Biden, il a tout bonnement qualifié l’élection de « volée ». Même si les tribunaux et les responsables électoraux de nombreux États ont validé la victoire de Biden, Trump a continué à nier la légitimité du processus.

Aujourd’hui, fort d’un nouveau mandat, il laisse finalement entendre qu’il pourrait prolonger son règne au-delà des limites constitutionnelles en invoquant la nécessité de « rétablir l’ordre ». Tout ceci crée un climat d’incertitude dangereux pour la stabilité politique et la confiance des citoyens dans le système. Quand on se dit prêt à bafouer la Constitution ou à ne pas reconnaître un verdict électoral, on est déjà en train de saper les fondements de la démocratie.

Les menaces de prise de contrôle

Comme Canadien, ce qui me préoccupe tout particulièrement, ce sont les allusions de Trump à une expansion « nécessaire » du territoire américain. Le président nouvellement réélu n’a pas hésité à laisser planer l’idée de prendre le contrôle de certains pays ou territoires, par la force s’il le faut. Ces ambitions rappellent de sombres chapitres de l’histoire mondiale et menacent de plonger la planète dans une nouvelle ère de conflits.

Le Canada est l’une des cibles potentielles de ce discours. L’idée d’une annexion en tant que « 51ᵉ État » est constamment évoquée par Donald Trump, dans une rhétorique inquiétante, et aussi par des personnalités proches du pouvoir à Washington. Bien sûr, certains pourraient y voir une pure exagération, mais nous devons reconnaître que les déclarations de Trump au sujet des mauvaises relations avec notre pays démontrent un rapport de force assumé. Notre souveraineté, et tout ce qui fait notre identité comme Canadiens, se trouve ainsi instrumentalisée dans le cadre d’une logique dominatrice. C’est franchement alarmant.

Ce n’est pas tout. On a entendu évoquer le souhait de Trump de contrôler le canal de Panama, quitte à user de pressions économiques ou militaires. Il a déjà tenté d’acheter le Groenland au Danemark, soulignant au passage que cela servirait les intérêts des États-Unis. Donald Trump a aussi mentionné l’idée de prendre le contrôle et transformer la bande de Gaza en « endroit merveilleux », ce qui sous-entendrait, selon ses mots, le déplacement forcé des populations locales afin de réaliser sa vison des choses pour ce territoire, Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a salué le plan de Donald Trump visant à déplacer les Palestiniens de la bande de Gaza, ravagée par la guerre, en déclarant qu’Israël était prêt à «faire le travail». Là encore, nous voyons poindre une idéologie dangereuse : celle qui consiste à remodeler le monde selon une vision unilatérale, en balayant d’un revers de main les droits et intérêts des autres peuples.

Des dérives similaires à travers le monde

Nous aurions tort de croire que les dérives autoritaires se limitent à Donald Trump. En effet, plusieurs démocraties ont subi des reculs notables au cours des dernières années. On pense à la Russie, qui s’est graduellement éloignée du pluralisme, ou encore à la Hongrie de Viktor Orbán, un dirigeant au discours nationaliste et à la mainmise croissante sur les institutions. Le Brésil a également connu un épisode similaire sous Jair Bolsonaro, dont le style populiste a souvent été comparé à celui de Trump.

Le point commun de tous ces régimes en recul démocratique est la mise en place d’une stratégie visant à polariser la population, à dénigrer la presse critique et à qualifier l’opposition de « traîtres ». Les garde-fous institutionnels (pouvoir judiciaire, législatif, presse libre, société civile organisée) se retrouvent affaiblis ou intimidés, ouvrant la voie à l’exercice d’un pouvoir unilatéral.

Le problème, c’est que rien ne nous permet de croire que ce phénomène s’arrêtera spontanément. Au contraire, l’histoire enseigne que lorsqu’un dirigeant se lance dans la concentration du pouvoir et le démantèlement des contrepouvoirs, il tend à persister sur cette voie, à moins de faire face à une résistance organisée et déterminée.

L’influence néfaste sur la liberté de presse

Parmi les piliers fondamentaux de toute démocratie, la liberté de presse et la pluralité de l’information figurent en bonne place. Or, Donald Trump n’a jamais caché son mépris pour les médias traditionnels. Dès son premier mandat, il les a qualifiés de « fake news », instrumentalisant ainsi le scepticisme ambiant pour délégitimer toute critique à son égard. Les poursuites qu’il a engagées contre certains journalistes ou sondeurs, notamment CBS, démontrent sa volonté de contraindre les voix qui pourraient le mettre dans l’embarras.

En parallèle, le président s’entoure d’influenceurs des nouveaux médias qui lui sont très favorables. Certains d’entre eux, bannis autrefois par les plateformes, ont fait un étonnant retour en grâce. Aujourd’hui, ils se retrouvent même conviés à la salle de presse de la Maison-Blanche. Cela change la donne : le public est de plus en plus exposé à des sources d’information unilatérales, alors que les médias plus critiques se voient ostracisés ou poursuivis.

À ce titre, on pourrait parler d’une « oligarchie médiatique », tant la concentration du pouvoir de diffusion se retrouve entre les mains de quelques grandes fortunes ou de personnalités influentes. Le fait que des magnats de la Silicon Valley, jadis en froid avec Trump, soient désormais présents au premier rang lors de son assermentation, envoie un message clair : les agences de régulation et les contrepoids n’ont plus vraiment la cote. Ce qui compte, c’est de s’attirer les faveurs du chef et d’« embrasser l’anneau du pouvoir ». Pour une société qui se veut démocratique, ce constat n’a rien de rassurant.

Les définitions pour mieux s’y retrouver

Dans tout ce débat, il est important de clarifier quelques notions. Vous avez peut-être entendu parler d’autoritarisme, de dictature, de fascisme, de totalitarisme, d’oligarchie. Ces termes, bien que proches, recouvrent des réalités différentes :

  1. Autoritarisme : Il s’agit d’un régime où le pouvoir est exercé de manière arbitraire et très concentrée, sans réelles contreparties. Les libertés publiques et la séparation des pouvoirs y sont réduites.
  2. Dictature : Le mot est souvent employé comme synonyme de régime autoritaire, même si la dictature évoque généralement un degré encore plus élevé d’oppression. Dans l’opinion publique, ce terme est chargé d’une connotation extrêmement négative.
  3. Fascisme : Né au début du 20ᵉ siècle en Italie sous Mussolini, le fascisme se caractérise par un État fort, la glorification du chef, l’exaltation nationaliste et l’usage systématique de la violence contre les opposants. Il s’oppose autant au marxisme qu’au libéralisme.
  4. Totalitarisme : Lorsque l’État cherche à contrôler non seulement la sphère politique, mais aussi tous les aspects de la vie privée et sociale des individus. On pense par exemple à l’URSS de Staline ou à la Corée du Nord actuelle.
  5. Oligarchie : Le pouvoir est concentré entre les mains d’un petit groupe. Dans le cas d’une ploutocratie, ce groupe est constitué des plus riches. Les États-Unis, avec l’influence énorme de quelques milliardaires, présentent déjà certaines caractéristiques oligarchiques.

En identifiant précisément ces différentes formes de pouvoir, on peut mieux comprendre la nature exacte des dérives qui se produisent aux États-Unis. Dans le cas de Trump, on retrouve des éléments d’autoritarisme, une tendance à la dictature, une rhétorique fascisante et un mode de fonctionnement oligarchique. Un mélange explosif pour la stabilité du système.

Pourquoi un Canadien s’inquiète autant

Peut-être vous demandez-vous pourquoi j’accorde autant d’attention à un phénomène politique qui se passe à l’extérieur de nos frontières. Après tout, nous vivons dans un pays libre et démocratique, où les droits et libertés sont protégés par la Constitution et par un sens aigu du respect mutuel. Pourtant, l’histoire nous a montré que nul pays n’est entièrement à l’abri de l’influence de ses voisins, surtout lorsque ces voisins sont puissants et entretiennent avec nous des liens économiques et culturels de première importance.

Le Canada, de par sa proximité géographique et sa grande dépendance commerciale envers les États-Unis, se retrouve souvent pris en étau. Nos échanges, notre défense commune, notre frontière longue et pacifique : tout cela constitue à la fois une force et une vulnérabilité. Si la Maison-Blanche adopte des politiques agressives ou décide d’exercer une pression extrême sur Ottawa, il est illusoire de croire que nous pourrons tout simplement l’ignorer. Notre économie, nos relations diplomatiques et notre sécurité même pourraient s’en trouver ébranlées.

Songez un instant aux multiples ententes qui régissent nos rapports commerciaux, du bois d’œuvre à l’aluminium en passant par l’énergie. Si un régime autoritaire à Washington décide de mettre ces ententes à profit pour dicter sa loi, notre marge de manœuvre deviendra vite restreinte. Nous ne parlons pas seulement de menaces directes, comme une hypothétique annexion : il suffit parfois de mesures de rétorsion économiques ou de pressions politiques pour forcer un partenaire plus faible à se plier à une volonté étrangère.

La mémoire collective et le spectre du pire

En tant que citoyenne ou citoyen canadien, vous vous souvenez peut-être de certains exemples historiques de tensions frontalières ou commerciales entre nos deux pays. Heureusement, elles se sont rarement transformées en conflit armé. Nous avons pu compter, depuis la dernière attaque américaine envers le Canada en 1814, sur le respect mutuel. Mais si le président américain se met à envisager la force ou la coercition comme des outils légitimes pour atteindre ses objectifs, qui peut garantir que la retenue prévaudra toujours ?

Bien sûr, ce scénario demeure hypothétique. Toutefois, nous ne pouvons pas l’écarter d’emblée, car Donald Trump a déjà prouvé qu’il pouvait être imprévisible, impulsif et, surtout, dépourvu de scrupules lorsqu’il estime que ses intérêts sont menacés. Ses menaces envers le Canada, que ce soit sur le plan économique ou dans l’éventualité absurde mais alarmante d’une annexion, méritent qu’on s’y attarde sérieusement. Rappelons que l’histoire est jalonnée de tragédies qui ont commencé par des menaces d’apparence invraisemblable, avant de se matérialiser, faute d’opposition assez ferme.

Le rôle des garde-fous institutionnels

Heureusement, il existe encore des mécanismes de contrôle au sein des institutions américaines. Les juges, le Congrès, certains gouverneurs, les médias indépendants et la société civile sont autant de contrepoids qui peuvent freiner la dérive autoritaire d’un président. Le problème, c’est que Trump s’emploie à affaiblir ces institutions ou à les placer sous son autorité. Les juges sont sous pression, le Congrès est divisé, et les médias critiques sont tournés en ridicule ou poursuivis.

Si vous vous interrogez sur la solidité de ces garde-fous, sachez que beaucoup dépend aussi de la mobilisation citoyenne. Lorsque des Américains descendent dans la rue pour protester, écrire à leurs élus ou soutenir des associations de défense des libertés, ils exercent une forme de pouvoir démocratique direct. L’inaction, au contraire, laisse le champ libre aux volontés autoritaires.

Pourquoi vous devriez vous sentir concernés

Vous vous demandez peut-être : « Cela nous concerne-t-il vraiment, nous autres citoyens canadiens, dans notre vie de tous les jours ? » La réponse est oui. Nos économies sont liées, notre espace aérien et nos frontières terrestres aussi. Nos valeurs démocratiques, notre perception de la liberté, nos droits collectifs, tout cela peut subir l’influence de la façon dont les États-Unis évoluent. Si la démocratie américaine vacille, il est fort possible que nous ressentions des secousses jusqu’ici. Les grands bouleversements mondiaux passent souvent par des répliques dans les pays voisins.

Par ailleurs, nous sommes tous concernés par la montée des discours extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche. Cette polarisation de la société américaine peut avoir des échos chez nous, en alimentant des mouvements populistes ou en encourageant le cynisme à l’égard de la politique. Les réseaux sociaux ont abattu les frontières, rendant les idées plus virales et plus difficiles à réguler. Nous avons déjà pu constater, ces dernières années, à quelle vitesse une théorie du complot ou une rhétorique agressive traverse les frontières numériques pour s’installer dans nos débats nationaux.

Apprendre de l’histoire et regarder vers l’avenir

À ce stade, vous pourriez éprouver une certaine lassitude face à la multiplication de signaux alarmants. Il faut toutefois garder en tête que l’histoire n’est pas écrite d’avance. Oui, plusieurs pays ont basculé dans l’autoritarisme, mais d’autres ont su résister ou corriger la trajectoire. Nous pouvons apprendre de leurs expériences. Les institutions démocratiques ont souvent fait preuve d’une résilience surprenante, pour peu qu’elles soient soutenues par la population.

Il est également crucial de souligner que Donald Trump ne bénéficie pas d’un soutien unanime aux États-Unis. Bien qu’il dispose d’une base solide, il suscite également une forte opposition. Des millions d’Américains et de Canadiennes et Canadiens établis aux États-Unis continuent de se battre pour préserver les libertés fondamentales, la justice sociale et l’égalité devant la loi. Il reste à voir si ces forces convergeront assez efficacement pour endiguer les dérives que nous voyons poindre.

Garder la tête froide et rester vigilant

Nous sommes nombreux, au Canada, à observer la situation avec un mélange d’inquiétude et d’incompréhension. Comment une nation qui se veut le « phare de la démocratie » peut-elle s’engager dans une trajectoire où sont menacées les valeurs mêmes qu’elle prétend défendre ? Il serait toutefois trop facile de céder à la panique ou au pessimisme absolu. L’attitude la plus constructive consiste à rester vigilant, à s’informer et à soutenir nos propres institutions démocratiques.

Pour vous, en tant que lecteur ou lectrice, cela peut passer par plusieurs gestes concrets. Informez-vous auprès de médias variés, y compris ceux qui offrent des analyses critiques du pouvoir. Évitez de vous laisser happer par les discours incendiaires qui fleurissent sur les réseaux sociaux. Si vous en avez l’occasion, échangez avec vos proches, vos collègues et votre entourage sur ces enjeux démocratiques. Plus nous parlerons de ces menaces, plus nous encouragerons une prise de conscience et une réflexion collective.

La solidarité internationale, un atout précieux

Il ne faut pas oublier que le Canada n’est pas seul. Nos alliés traditionnels, qu’il s’agisse des pays européens ou des partenaires de l’OTAN, suivent également la situation américaine de près. Eux aussi ont intérêt à ce que les États-Unis demeurent une démocratie stable et responsable. Dans un contexte de mondialisation, les glissements autoritaires d’une grande puissance ont des répercussions directes sur la sécurité et l’ordre international.

De notre côté, nous pouvons faire valoir nos principes de justice, de respect et de solidarité. Nous pouvons nous exprimer fermement contre les violations des droits de la personne, contre les tentatives d’annexion ou de domination économique par la force. Les gouvernements provinciaux et fédéral canadiens, tout comme la société civile, ont un rôle à jouer pour maintenir des canaux de communication avec les forces démocratiques américaines et pour défendre nos intérêts légitimes sur la scène internationale.

Conclusions ouvertes

Chers lecteurs, chères lectrices, j’espère que ces réflexions auront contribué à vous éclairer sur la nature et la gravité des dérives autoritaires que nous observons à Washington. Loin d’être un simple feu de paille, l’attitude de Donald Trump et les transformations de son entourage politique s’inscrivent dans un mouvement plus large qui vise à concentrer le pouvoir et à faire taire la contestation, au besoin par la violence ou par la peur.

Nous, au Canada, ne pouvons pas faire comme si cela ne nous concernait pas. Notre histoire commune, nos liens économiques et culturels, ainsi que notre proximité géographique, font de nous des observateurs privilégiés et des partenaires fortement impactés par les décisions de la Maison-Blanche. Plus que jamais, il importe de faire preuve de lucidité et de vigilance.

Il ne s’agit pas d’entretenir un climat de paranoïa ou de haine envers le peuple américain, qui demeure largement attaché aux valeurs démocratiques. Il s’agit plutôt de dénoncer les pulsions autoritaires d’un dirigeant qui semble vouloir repousser toujours plus loin les limites de son pouvoir. Que ce soit par ses menaces d’annexion, sa volonté de sanctionner ou de bâillonner les opposants, ou encore son admiration pour la violence de groupes extrémistes, Donald Trump nous montre un visage de l’Amérique qui nous préoccupe tous.

Entre espoir et prudence

En terminant, je vous encourage à garder l’espoir. L’histoire n’est pas écrite, et beaucoup d’Américains s’opposent farouchement à ces dérives. Il n’en demeure pas moins que nous devons prendre la mesure du danger. Les institutions démocratiques sont robustes, mais elles ne sont pas infaillibles. Elles exigent la participation active et la vigilance constante des citoyens pour survivre aux assauts de l’autoritarisme.

En tant que Canadien, je continuerai d’observer, de m’informer et de partager ces questionnements avec vous. Je crois que notre pays, fort de son attachement aux droits et libertés, a la responsabilité de défendre ces valeurs sur la scène internationale et de se préparer à toutes les éventualités. Nous ne sommes pas destinés à subir passivement le cours de l’histoire : nous pouvons y contribuer en restant unis et en nous montrant fidèles à nos principes.

Merci de votre attention et de votre patience. Votre volonté de comprendre et de vous informer est notre meilleur rempart contre la banalisation de l’autoritarisme. J’espère sincèrement que, dans un futur proche, les États-Unis réaffirmeront leur engagement envers la démocratie, car nous avons tous à y gagner. En attendant, restons conscients de ce qui se joue à nos portes et préservons, chacun à notre manière, l’esprit de liberté qui caractérise notre chère nation.

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