Chers lecteurs, permettez-moi de vous convier à une petite excursion à travers l’histoire fascinante des relations entre le Canada et les États-Unis. Vous avez sans doute déjà entendu parler de la collaboration étroite qui existe entre nos deux pays: échanges commerciaux, accords de libre-échange, partenariats en matière de défense… Sans oublier, bien sûr, la plus longue frontière terrestre du monde, bordée de part et d’autre par des paysages époustouflants. Mais derrière cette entente (relativement) cordiale, il subsiste un fait parfois méconnu: depuis leur fondation il y a près de 250 ans, les États-Unis nourrissent l’ambition d’annexer le Canada, ou du moins une partie de ce vaste territoire.
Or, si l’idée peut sembler farfelue aujourd’hui, elle n’a pourtant jamais été complètement enterrée. Au fil du temps, cette volonté d’annexion a ressurgi à des degrés divers, et, plus récemment, le président américain nouvellement réélu en 2024 – Donald Trump, qui en est à son deuxième mandat non consécutif et donc 47e président des États-Unis – a de nouveau exprimé son souhait que le Canada devienne américain. Bien sûr, pour l’immense majorité des Canadiens, cette perspective paraît aussi attrayante qu’une balade pieds nus en plein hiver. Cependant, il est intéressant de comprendre les origines de ce désir expansionniste, et de voir en quoi il se manifeste encore aujourd’hui, même sous des apparences plus modernes.
Des racines historiques tenaces
Quand les Treize Colonies ont déclaré leur indépendance en 1776, l’une des premières préoccupations des dirigeants américains était de consolider et d’étendre leur nouveau territoire. Dans ce contexte, le Canada (qui était alors sous domination britannique) représentait un morceau de choix. D’abord, il faut se rappeler qu’à l’époque, l’Amérique du Nord était considérée comme un vaste réservoir de ressources naturelles: fourrures, terres fertiles, forêts à profusion, cours d’eau poissonneux… Pour des colons en quête de prospérité, ces richesses attiraient comme un aimant.
Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, plusieurs expéditions militaires américaines ont d’ailleurs eu pour objectif de prendre pied au nord de la frontière. Ces tentatives se sont pour la plupart soldées par des échecs, mais elles témoignent d’une volonté claire d’incorporer un jour la terre canadienne au territoire américain. Que vous soyez férus d’histoire ou simplement curieux, vous savez sans doute que les relations canado-américaines n’ont pas toujours été aussi pacifiques que la légende veut bien nous le faire croire. Les deux pays ont même connu des affrontements directs, notamment pendant la guerre de 1812.
L’intérêt économique: une constante historique
L’attraction économique est demeurée l’une des principales raisons pour lesquelles des leaders américains, de George Washington à Donald Trump, ont manifesté de l’intérêt pour l’annexion du Canada. Depuis la traite des fourrures et l’exploitation de la forêt en passant par l’agriculture, jusqu’à l’extraction minière et la production hydroélectrique, le territoire canadien a toujours suscité des convoitises.
Aujourd’hui, bien des choses ont changé, mais l’appétit américain pour les ressources canadiennes reste vif. Comment pourrait-il en être autrement? Le Canada est l’un des pays les plus riches en eau douce, et cela ne manque pas d’attiser les convoitises dans un contexte mondial où l’eau est qualifiée par certains de “nouvel or bleu”. Ajoutez à cela des réserves importantes de pétrole, de gaz naturel et de minerais variés, et vous comprendrez vite pourquoi certains politiciens américains rêvent encore d’absorber leur voisin du Nord.
Avec un certain sens de la formule, Donald Trump a souvent exprimé (sur un ton moins diplomatique, disons-le) ses vues sur le potentiel d’une fusion canado-américaine. Il vante l’idée que l’accès à ces ressources bénéficierait grandement aux États-Unis, tout en prétendant, parfois, que les Canadiens eux-mêmes y trouveraient leur compte. Toutefois, dans les faits, l’idée d’une union forcée est accueillie avec autant d’enthousiasme qu’une panne d’électricité en pleine finale de hockey: pour la majorité des Canadiens, il n’en est absolument pas question.
Les atouts stratégiques du Grand Nord
Outre les ressources naturelles, le Canada présente également un intérêt stratégique majeur pour Washington. En effet, les infrastructures de transport qui traversent le pays, la grande proximité avec le marché américain et l’accès à l’océan Arctique – de plus en plus navigable selon les études liées au réchauffement climatique – sont autant de facteurs qui confèrent à la géographie canadienne une importance de premier plan.
Historiquement, les États-Unis souhaitaient s’assurer de pouvoir naviguer aisément sur le Saint-Laurent et les Grands Lacs afin de faciliter le commerce intérieur et l’exportation. Aujourd’hui encore, la grande question de la protection de l’Arctique occupe les esprits. Le Canada et les États-Unis coopèrent depuis fort longtemps à travers des instances comme l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) et le NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord), qui veille depuis 1958 à la surveillance et la défense du ciel nord-américain.
Donald Trump, lors de son retour aux affaires, argue que cette coopération devrait s’intensifier, voire se formaliser sous la forme d’une annexion, sous prétexte de mieux protéger la côte nord-américaine d’éventuelles menaces venant de l’Europe ou de l’Asie. Il oublie un peu vite, diront certains, que le Canada s’acquitte déjà de dépenses militaires considérables et qu’il existe une très longue tradition de partenariat dans la sécurité continentale. L’annexion n’apporterait selon eux rien de plus… si ce n’est une atteinte sérieuse à la souveraineté canadienne.
Un projet justifié par la protection?
Comme pour souligner l’importance géostratégique du Canada, Donald Trump invoque de nouveaux enjeux internationaux afin de défendre son projet d’intégration du voisin du Nord. Les relations plus tendues avec la Russie et la Chine figurent parmi les principales raisons qu’il avance pour justifier la nécessité d’un renforcement des liens. Au XIXe siècle, on redoutait la présence européenne sur le continent; aujourd’hui, ce sont d’autres acteurs qui inquiètent la Maison-Blanche.
Certains observateurs rappellent que dans son équipe, certains conseillers émettent des doutes sur le réchauffement climatique. Toutefois, c’est précisément l’évolution rapide des conditions dans l’Arctique qui fait craindre à Washington que des puissances étrangères s’emparent de routes maritimes ou de ressources. Dans ce raisonnement, l’intégration du Canada fournirait une “barrière naturelle” plus solide et simplifierait la défense de l’hémisphère.
Si vous trouvez cela paradoxal, vous n’êtes pas seuls. Beaucoup de Canadiens voient dans cette rhétorique un prétexte pour s’accaparer les ressources de l’extrême nord du pays. Loin de nous l’idée de remettre en cause l’importance des enjeux de sécurité, mais de là à dire qu’une annexion est la seule solution, il y a un pas que bien peu de Canadiens sont prêts à franchir.
Une alliance déjà bien ancrée
Vous pourriez rétorquer, avec raison, que les deux pays entretiennent déjà des liens économiques et politiques étroits. Les multiples accords de libre-échange, dont le plus célèbre reste celui d’abord connu sous le nom d’ALÉNA (Accord de libre-échange nord-américain), ont déjà permis de tisser des liens commerciaux solides. Les entreprises des deux côtés de la frontière travaillent main dans la main, et il arrive même que certains produits traversent la frontière plusieurs fois avant d’être définitivement mis en vente.
Sur le plan militaire, la coopération entre le Canada et les États-Unis est déjà l’une des plus importantes au monde. L’OTAN, mais aussi d’autres instances comme le NORAD, témoignent d’une intégration poussée de nos systèmes de défense. On peut donc se demander si le désir d’annexion n’est pas davantage un outil rhétorique pour plaire à une frange de l’électorat américain plutôt qu’un projet réellement réalisable ou souhaité. Au Canada, hormis quelques rares voix favorables (que l’on pourrait compter sur les doigts d’une main), personne n’envisage sérieusement un tel scénario.
Entre humour et scepticisme
En toute honnêteté, il faut reconnaître que l’idée d’une annexion du Canada par les États-Unis donne lieu à toutes sortes de plaisanteries. Certains Canadiens, friands d’autodérision, se plaisent même à imaginer que s’ils étaient sous l’égide américaine, ils auraient droit à d’innombrables chaînes de restauration rapide ou encore des rabais sur les voyages intérieurs. À l’inverse, quelques Américains contemplent avec envie le système de santé canadien.
Mais blague à part, l’écrasante majorité des Canadiens ne souhaite nullement perdre sa souveraineté. Pour plusieurs, l’identité canadienne est trop précieuse pour être sacrifiée. D’autres estiment que leur pays fonctionne déjà fort bien en tant qu’État indépendant, avec ses propres valeurs, institutions et culture. L’humour a beau être un excellent moyen de relativiser, il laisse vite la place à une certaine gêne quand on voit à quel point certains politiciens américains semblent prendre l’idée au sérieux.
Une convoitise persistante, mais contrariée
En résumé, l’attrait des États-Unis pour le Canada ne date pas d’hier. Cet intérêt trouve sa source dans une confluence de facteurs historiques, économiques et stratégiques. L’élection de Donald Trump pour un nouveau mandat en 2024 n’a fait que remettre l’éclairage sur une ambition latente: transformer les dix provinces et trois territoires canadiens en un cinquante-et-unième État, ou en autant d’États individuels. Mais il semble peu probable que ce dessein se concrétise de sitôt, tant il se heurte à l’identité profonde du Canada et à l’absence de volonté des Canadiens de se fondre dans l’Union américaine.
Si l’avenir reste un grand mystère, vous conviendrez qu’il faudra plus qu’une poignée de déclarations présidentielles pour venir à bout du sentiment national canadien. D’ici là, la frontière la plus longue du monde restera un espace de coopération… et de légers tiraillements, certes, mais sans doute pas au point de mettre fin à la souveraineté canadienne. Après tout, s’il y a bien un trait qui unit nos deux pays, c’est l’aptitude à négocier et à avancer dans un sens commun, même lorsque les visions divergent.
En attendant la prochaine déclaration choc ou le prochain tweet présidentiel, vous pouvez dormir tranquille: le Canada n’a pas l’intention de devenir le nouvel État-vedette d’une bannière étoilée. Et si l’envie vous prend de traverser la frontière, rassurez-vous, ce ne sera pas pour rejoindre un pays unifié, mais bien pour rendre visite à ce grand voisin si proche et si lointain à la fois, avec ses lubies, ses ambitions, et son inaltérable fascination pour l’immensité canadienne.
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